Après avoir obtenu la confiance de la Chambre des représentants, le gouvernement Akhannouch est attendu, dans les prochains jours, sur le dossier du projet de loi des finances. Un projet qui doit être soumis à la Chambre des représentants le 20 octobre au plus tard. Le gouvernement table sur 4% de croissance moyenne durant la période de 2021 à 2026 et promet de créer 1 million d'emploi durant son mandat dans une conjoncture post Covid marquée par une bonne reprise de la croissance estimée à plus de 6 % en 2021. Le projet de loi sera à l'ordre du jour d'un prochain conseil des ministre avant d'être présenté au parlement. Ses grandes lignes ont déjà été préparées par l'ancien gouvernement mais la nouvelle équipe devrait également y apporter sa touche. Les grandes axes du programme gouvernemental et ses engagements devraient, ainsi, être traduits dans des chiffres et des échéances précises. Comment financer l'objectif de renforcement de l'Etat social, selon les termes du programme? Quelles mesures fiscales pour stimuler l'économie et les entreprises ? et quid de la mise en œuvre de la bonne gouvernance ? A travers les débats lancés, en début de semaine dans l'hémicycle au sujet du programme, l'on peut déjà déceler les positions des différents partis politiques. Les partis de la majorité ont, globalement et clairement, soutenu les propositions du programme, à part l'Istiqlal qui, tout en votant en faveur du programme, a émis quelques réserves en appelant à accorder davantage d'intérêt et de ressources pour régler les questions sociales et des libertés. Du coté de l'opposition, le PJD a estimé que le RNI a renié ses promesses électorales relatives à l'augmentation des salaires des enseignants de 2500 Dh par mois. Selon le parti de Saadeddine El Otmani, le gouvernement a décidé de procéder à cette augmentation d'une manière progressive et à condition qu'elle fasse l'objet d'un round de dialogue social avec les syndicats. Pour le PPS (opposition), les engagements pris par le gouvernement sont trop ambitieux. Dans une déclaration au journal de son parti « Al Bayane », Abdelouahed Souhail, ex ministre du PPS, estime ainsi que « le taux de croissance du PIB fixé à 4% semble loin des objectifs assignés par le nouveau modèle de développement ». Souhail lance, à cet égard, plusieurs interrogation : « le prochain budget consacrera-t-il la rationalisation des dépenses ou la promotion des investissements publics? ou encore la réforme fiscale ou la compétitivité ? ». De son côté, la CGEM a exprimé plusieurs attentes par rapport au projet de loi des fiances en appelant le gouvernement à alléger la pression fiscale sur les entreprises afin de renforcer leur compétitivité dans un contexte de crise. Des revendications qui ont été relayées par le journal proche du patronat, « L'Economiste » qui énumère les difficultés auxquelles les entreprises sont confrontées: manque de financement, problématique de retard de paiement, l'une des principales raisons des faillites des entreprises .. etc Du coté des syndicats, l'UMT, la plus grande centrale a apporté son soutien au programme gouvernemental alors que l'UNTM, syndicat proche du PJD, s'est montré assez critique. Le professeur Jawad Ennouhi, expert en finances publiques a indiqué au journal « Al Oâmk » (rédaction arabophone) que le gouvernement dispose d'une bonne marge de temps pour préparer et finaliser le projet de loi des finances, mais il doit faire face aux pressions sociales et politiques car il est obligé de donner des indicateurs de changement dans les 100 premiers jours. Le gouvernement est également confronté, selon le professeur universitaire, à la pression de la mise en œuvre du nouveau modèle de développement et de la généralisation de la protection sociale.