L'offensive lancée par Israël dans la bande de Gaza semblait marquer le pas mercredi matin, le Premier ministre Ehud Olmert affichant toutefois sa détermination à user de "moyens extrêmes" pour retrouver son soldat enlevé. "Nous sommes décidés à user de moyens extrêmes pour ramener chez lui Gilad (Shalit - le soldat enlevé) et n'avons pas l'intention de réoccuper la bande de Gaza", a-t-il déclaré dans des propos rapportés par la radio publique israélienne. Le président palestinien Mahmoud Abbas a, de son côté, condamné l'offensive militaire israélienne, la qualifiant de "punition collective". "Le président Mahmoud Abbas condamne l'agression israélienne et considère que cette agression contre des cibles et des infrastrutures civiles est un punition collective contre le peuple palestinien", a affirmé le porte-parole de M. Abbas, Nabil Abou Roudeina. Les mouvements de troupes israéliens avaient cependant ralenti quelques heures après le début des opérations, un calme précaire régnant dans toute la bande de Gaza. Dans la nuit, l'armée a lancé son offensive et l'aviation a mené des raids détruisant au moins deux ponts et la principale centrale électrique de ce territoire, dans le camp de réfugiés de Nousseirat, provoquant un incendie. Selon Mahmoud Al-Cherif, directeur de la centrale électrique, un appareil israélien a tiré six missiles détruisant l'ensemble des générateurs. Il a ajouté que la majeure partie de la bande de Gaza n'avait plus d'électricité dans l'immédiat et qu'il faudrait au moins six mois pour la rétablir. Dans sa première réaction, le gouvernement du Hamas a qualifié l'opération militaire de l'armée, jusqu'ici limitée, "d'injustifiée". "Mener une telle folie militaire à grande échelle aura d'importantes conséquences. Israël ne retirera aucun gain de cette opération car pour l'instant elle n'a pas réussi à atteindre ce qu'elle recherche", a-t-il dit dans un communiqué en référence au soldat enlevé dimanche lors d'une opération contre une position israélienne menée notamment par la branche armée du Hamas. "Israël en porte l'entière responsabilité car il y aura des crimes et des victimes, particulièrement dans les rangs des civils", a-t-il ajouté. Israël a assuré que cette offensive ne visait pas à réoccuper la bande de Gaza. "Notre offensive israélienne à Gaza vise à ramener chez lui Gilad Shilat (le soldat enlevé). Nous n'avons pas l'intention de réoccuper la bande de Gaza, ni de faire souffrir la population palestinienne", a déclaré le ministre des Infrastructures nationales, Binyamin Ben Eliezer. Un haut responsable sécuritaire palestinien a indiqué que l'armée israélienne avait pénétré dans la matinée dans l'unique aéroport du territoire palestinien à Rafah, hors service depuis 2001 après une opération israélienne. "Des blindés israéliens ont pénétré dans l'aéroport il y a deux heures et ont tiré sur le bâtiment", selon cette source. Des sources militaires israéliennes ont en revanche indiqué que des chars et des troupes étaient postés autour de l'aéroport mais qu'ils n'effectuaient aucun mouvement. L'armée empêche quiconque de s'approcher à moins d'un kilomètre de l'aéroport, survolé par des hélicoptères Apache. L'aéroport est situé à environ un kilomètre de la frontière avec Israël. Les sources militaires israéliennes ont ajouté que des combattants palestiniens avaient tiré des missiles anti-chars dans la zone, ajoutant que "de nombreuses forces israéliennes" étaient massées à la frontière entre le nord de la bande de Gaza et Israël et attendaient des ordres. Le haut responsable sécuritaire palestinien a indiqué de son côté que la situation était "calme" dans l'immédiat dans la bande de Gaza et a confirmé qu'aucun mouvement de troupes israéliennes n'était signalé à l'intérieur du nord de la bande de Gaza dans le secteur de Beit Hanoun. A Gaza, des bombes sonores ont été tirées mais la situation était, là aussi, calme. Comme dans de nombreuses autres localités, des barrages de sable ont été établis dans plusieurs quartiers dans l'éventualité d'une opération de grande ampleur. Sur le terrain, la situation est encore compliquée par les affirmations d'un groupe armé palestinien menaçant de tuer un colon israélien qu'il dit avoir enlevé en Cisjordanie. "Si l'agression ne cesse pas, nous tuerons le colon", a menacé un membre des comités de résistance populaire qui revendique aussi l'enlèvement du soldat israélien près de la bande de Gaza, dimanche. L'offensive israélienne intervient alors que le mouvement islamiste Hamas, à la tête du gouvernement palestinien, a fait un pas important vers la reconnaissance implicite d'Israël en signant un document d'entente nationale agréé par les mouvements palestiniens.