Le Maroc aurait été infiltré par des terroristes proches d'Al Qaïda. L'information est aujourd'hui officielle et parvient des sécuritaires Marocains qui tirent la sonnette d'alarme. Ce qui l'est moins, c'est le timing et la cartographie des lieux menacées. Les deux semaines qui se sont écoulées ont été alimentées par plusieurs opérations policières qui ont permis de démanteler bon nombre de réseaux dormants de la nébuleuse «Al Qaida aux pays du Maghreb» à Rabat, Salé, Tanger, et Meknès. Depuis quelques semaines, le Maroc vit au rythme de la traque des individus piqués d'intégrisme, soupçonnés d'intentions réelles de commettre des actes terroristes. Tout ce que le pays compte comme instances spécialisées dans le renseignement et la parade à la subversion interne et externe est en alerte permanente. La liste est longue, mais pour ne citer que les plus directement concernées, la DGST dirigée par Abdellatif Hammouchi, la DGED par Yassine Mansouri et la Gendarmerie royale par Housni Benslimane. Viennent s'adjoindre deux grandes directions sécuritaires, la DGSN et la DAI (Direction des affaires intérieures) administrées, respectivement, par Charki Draiss et le Wali Mouhiedine Amzazi. Le tout étant supervisé par Chakib Benmoussa et Fouad Ali El Himma, du ministère de l'Intérieur qui ont tenu plusieurs réunions avec les sécuritaires du pays. À l'ordre du jour, la chasse aux terroristes, la neutralisation des intégristes et l'immunisation du pays contre toute forme de violence criminelle et déstabilisatrice provenant de ce qu'on appellera désormais «Al-Qaïda aux pays du Maghreb», une organisation terroriste qui considère le Maroc comme une cible désignée pour des opérations meurtrières. Une cible qui a échappé tout de même à plusieurs tentatives d'attentats meurtriers relatées par un rapport de la DGST à l'occasion du sommet de Riyad, en 2004, pour la lutte antiterroriste. Les rencontres des deux ministres de l'Intérieur avec les sécuritaires se succèdent pour mettre le point sur l'état d'avancement des enquêtes et des toutes récentes arrestations des terroristes opérées à Rabat, Salé, Meknès et Tanger. Interpellations et gardes à vue «Le Maroc a pris toutes les mesures et dispositions nécessaires pour parer à toute tentative d'atteinte à la sécurité et à la stabilité du pays et garantir ainsi la sécurité des citoyens et de leurs biens. Les mesures préventives ont été prises eu égard aux mouvements, dans la région, de groupes terroristes extrémistes, sur la foi d'informations disponibles confirmées par les services nationaux et internationaux de sécurité, en tenant compte des évènements et opérations survenus sur la scène régionale et du démantèlement d'un certain nombre de réseaux terroristes», a déclaré Chakib Benmoussa, ministre de l'Intérieur dans un communiqué rendu public jeudi 15 février 2007. Et le porte-parole du gouvernement, Nabil Benabdallah, de compléter lors d'un point de presse à Rabat à la suite d'un Conseil du gouvernement : «Notre région connaît concrètement de graves menaces de terrorisme et est exposée à des actes terroristes violents» comme ce fût le cas en début de semaine en Algérie. Et d'ajouter : «Des mesures ont été prises pour renforcer la surveillance des ports et des aéroports du pays. Nous avons insisté sur la nécessité de hausser le niveau de mobilisation et de vigilance au Maroc». En tout cas, les barrages de police, dressés depuis deux semaines partout à travers le pays, au moment même où des attentats signés Al Qaïda endeuillaient l'Algérie, et le renforcement du dispositif sécuritaire aux frontières avec le voisin de l'Est, confirment que le Maroc est en danger. Selon des sources dignes de foi, les services marocains ont été alertés par leurs homologues Américains, Français et Espagnols et des rapports ont même été transmis, mettant en garde contre l'infiltration d'éléments terroristes au Maroc. Message reçu. L'obligation de vérification a été entamée et le dispositif sécuritaire, rodé et performant, a vite donné des résultats. Comme quoi nos limiers avaient déjà à l'œil leurs futurs «clients». Les interpellations et les gardes à vue se sont multipliées. On découvrira plus tard que les personnes interpellées et retenues en détention, appartiennent à ces mêmes tendances radicales, dont les donneurs d'ordre et les «émirs» étaient derrière les exécutants terroristes du 16 mai 2003. «Le groupe de Meknès, dont les membres sont âgés de 24 à 26 ans, est soupçonné d'appartenance à l'association de la Salafia Jihadia, et de préparer des actes criminels et terroristes contre des casernes militaires, établissements universitaires… Les perquisitions effectuées dans leur domiciles respectifs ont permis la saisie d'une quantité importante d'explosifs et d'armes à feu», nous apprend la Map qui cite une source policière de la DGSN. D'ailleurs, les réseaux terroristes maghrébins, dormants ou actifs, qui ont été régulièrement décapités par les services de police de nombreux pays d'Europe et d'Amérique, sont constitués de ressortissants maghrébins originaires d'Algérie, du Maroc, de la Libye, et beaucoup plus rarement de la Tunisie, ont élu domicile dans la zone incontrôlée du Sahel où prolifèrent des trafics de tous genres menés par les séparatistes du polisario. Un des points communs de cette nébuleuse, c'est que la plupart des islamistes sont unis par une histoire commune où l'Afghanistan et l'Irak restent un passage obligé. D'une manière ou d'une autre, la mouvance islamiste maghrébine, qui a opté pour la guerre armée, est encadrée militairement par des chefs qui ont pour la plupart participé à la guerre en Afghanistan et idéologiquement par des émirs arrosés à coups de valises remplies de dollars par les penseurs du terrorisme international. Deux dangereux terroristes activement recherchés par la DGSN Les fous d'Al Qaïda rodent toujours autour de nous. Deux individus répondant aux noms d'Aziz Chaguani alias Youssef et Abdelhali Chairi alias Bachir sont activement recherchés par les services de sécurité marocains pour leurs liens avec des groupes terroristes, notamment avec l'organisation terroriste dénommée « Al-Qaïda aux pays du Maghreb » où «Al Qaida fi bilad Al Maghrib Al Islami», indique-t-on de source policière. Les autorités marocaines demandent à toute personne en possession d'informations ou connaissant le lieu ou l'endroit où pourraient se cacher les recherchés, d'en informer immédiatement les autorités administratives ou les postes des services de sécurité (Gendarmerie royale, sûreté nationale) les plus proches.