Les services de renseignements espagnols s'efforcent de nuire à l'image du Maroc en le présentant comme une base-arrière de terroristes pouvant porter atteinte à la sécurité des citoyens espagnols. Une position que des lobbies gonflent à souhait. Depuis le onze septembre 2001, les services de renseignements espagnols ont déclenché une série de "sonneries d'alarme" sur d'éventuelles menaces terroristes émanant du réseau d'Al Qaïda ou de "groupuscules islamistes" à partir du Maroc. Bien qu'inspirée par des raisons plus politiques et conjoncturelles que sécuritaires, la thèse espagnole est compréhensible du fait que l'objectif principal de tout service de renseignement est de prévenir toute menace à la sécurité des citoyens ou des intérêts de l'Etat. Ainsi, durant cette année, de multiples rapports ont été infiltrés par le Centre National d'Intelligence (service espagnol d'espionnage, ex-CESID) à la presse faisant état de l'existence de sérieux indices sur l'existence de possibilités d'attaques terroristes dirigées par le réseau d'Al Qaïda contre l'Espagne. À l'occasion de la découverte et du démantèlement au Maroc de cellules dormantes de l'organisation terroriste de Oussama Ben Laden, les services espagnols se sont empressés de donner à l'événement une dimension exagérée en essayant de taxer le Maroc d'être la nouvelle arrière-base des terroristes d'Al Qaida. Cette approche, estiment les observateurs, est une erreur d'appréciation de la part des services secrets espagnols. Car, disent-ils, le CNI a réagi avec une attitude politique et non pas avec les règles d'usage dans la collaboration sécuritaire. Le Maroc est visé par le réseau de Ben Laden, et les services de sécurité marocains n'ont à aucun moment essayé de cacher cette réalité puisqu'ils ont agi contre les cellules dans la transparence totale et dans le respect des procédures judiciaires. C'est pour cette raison que les services de sécurité espagnols, étant géographiquement les plus proches du Maroc et, de ce fait, les plus concernés, auraient dû profiter du moment pour approfondir les relations de coopération avec leurs homologues marocains au lieu d'entrer dans l'enjeu des politiciens qui ont utilisé le CNI pour fomenter chez les citoyens espagnols la psychose face à "la menace marocaine". D'autant plus que les services de sécurité des deux pays sont liés par des accords de coopération bilatéraux ou dans le cadre des conventions multilatérales qui les incitent à une meilleure collaboration en cas de menaces planant sur la sécurité de la région. Dans le cas de menaces de terrorisme islamiste, on citera, à titre d'exemple, le groupe de coopération dit "Club méditerranée" ou "MIDI-club", créé à Rome en 1982, qui regroupe encore la France, l'Espagne, l'Italie, la Tunisie, l'Algérie et le Maroc, et font les plus importants objectifs sont la lutte contre l'extrémisme islamiste et le crime organisé. Aujourd'hui, plus que jamais, les services de sécurité et d'espionnage espagnols ont besoin de changer de méthode en ce qui concerne le traitement qu'ils dont des "affaires marocaines". L'erreur du chef du gouvernement espagnol, José Maria Aznar, a été de vouloir s'ériger en tant qu'acteur important de la lutte internationale contre le terrorisme et se faire ainsi, une place aux côtés des grands leaders internationaux. Pour cela, il lui fallait trouver un ennemi ou une menace, et il pensa que le Maroc pouvait faire l'affaire. D'où les campagnes de désinformation menées par le CNI pour semer le doute sur la stabilité et la sécurité du Maroc.