Dans son édition du lundi 13 septembre, le quotidien «El Mundo» livre des articles où il implique les services de sécurité marocains dans le drame madrilène du 11 mars dernier. Cette thèse farfelue est abondamment développée dans un livre du directeur-adjoint du journal qui paraît aujourd'hui. Après avoir fait parler un mort, en l'occurrence Hicham Mandari assassiné récemment en Espagne, le journal espagnol récidive en s'acharnant cette fois-ci contre l'appareil de sécurité marocain. Derrière cette campagne anti-marocaine, se trouve la droite aznariste. La maison d'édition espagnole "La Esfera de los Libros" met en vente, aujourd'hui, un livre sur les attentats du 11 mars à Madrid. Signé par Casimiro Garcia Abadillo, directeur adjoint du quotidien espagnol El Mundo, ce livre est présenté par son auteur comme étant le résultat d'une enquête qui a duré plusieurs mois et qui a conduit à la découverte des véritables commanditaires des attentats terroristes qui ont été perpétrés dans la capitale espagnole. Le livre est intitulé "11-M, La vengeance" et, comme son titre l'indique, il défend la thèse selon laquelle le massacre de Madrid serait le résultat d'un acte de vengeance perpétré contre l'Espagne non pas par la nébuleuse terroriste d'Al Qaïda, mais par les services secrets marocains. Une thèse que l'auteur n'hésite pas à développer et à défendre malgré la banalité des arguments qu'il expose tout au long de son livre et la futilité de sa théorie. Cette conclusion à laquelle l'auteur est parvenu après "un long travail de recherche" a été résumée par l'auteur lui-même sur les colonnes du quotidien El Mundo qu'il dirige aux côtés de son ami et directeur général, Pedro Jota Ramirez. Dans un article publié dans l'édition d'hier, ce quotidien espagnol affirme que "Al Qaïda et la police secrète marocaine avaient des intérêts convergents, ce qui signifie qu'il est probable qu'ils aient aidé, chacun selon ses moyens, le commando suicidaire". Mais, le quotidien espagnol ne se limite pas aux insinuations et aux suppositions. Un grand titre à la Une va jusqu'à prétendre que SM le Roi Mohammed VI aurait menacé l'ex-ministre espagnol des Affaires étrangères, Josep Piqué, que "l'Espagne pourrait être victime du terrorisme islamiste". « La conversation avec le monarque alaouite était très dure. Piqué a dû écouter durant presque une heure ses reproches à la politique espagnole sur des divers thèmes : demande de sanction de l'UE pour le non-renouvellement de l'accord de pêche, inflexibilité sur le contentieux du Sahara, durcissement de la loi de l'immigration…le Roi était aussi gêné par le traitement que lui réservait la presse espagnole », dit Casimiro dans son livre. Ce prétendu avertissement a été utilisé par l'auteur du livre et de l'article pour développer toute une fabulation autour d'une implication imaginaire des services secrets marocains dans la planification des attentats de Madrid. Casimiro Garcia Abadillo commence son livre par un rappel des différents épisodes de la crise diplomatique qui a eu lieu entre le Maroc et l'Espagne durant le mandat de l'ex-président du gouvernement espagnol le Populaire José Maria Aznar. De la "colère espagnole" suite au refus du Maroc de renouveler l'accord de pêche avec l'Union européenne jusqu'à l'invasion de l'îlot marocain Leïla par l'armée espagnole. Cette invasion qui sera, selon Casimiro, la raison pour laquelle les services marocains allaient décider de se venger de l'Espagne Après ce rappel "historique", l'auteur explique comment son enquête avait démarré et comment est ce que "les indices" sur l'implication du Maroc s'accumulaient au fur et à mesure que son investigation avançait. Une série de mensonges montés de toutes pièces dignes du scénario d'un film de série B. « Vers la fin du mois de mai 2004, El Mundo commençait à recevoir une série de lettres mystérieuses. Toujours en enveloppe fermée avec une inscription en couleur rouge bien visible : CONFIDENTIEL et dirigées au directeur du quotidien Pedro J. Ramirez », raconte le directeur adjoint d'El Mundo. Selon le livre, cette série de lettres étaient envoyées à la direction du quotidien espagnol par un agent du Centre national d'intelligence (services secrets espagnols). C'est cet agent, qui signait avec les initiales AM (analyste Maghreb), qui révéla au duo Ramirez-Casimiro que c'est les services marocains qui seraient derrière les attentats de Madrid. « Selon la lettre d'AM, après l'incident de Perejil (îlot Leïla), les services secrets espagnols s'attendaient à une réplique du côté marocain. Ils l'appelaient "La vengeance marocaine"…lorsque les attentats ont eu lieu, AM a immédiatement estimé qu'il s'agit de la vengeance redoutée et le transmis à son chef de section », raconte l'auteur du livre qui base toutes les accusations contenues dans son livre sur cette "série de lettres" rédigées par ce prétendu "analyste du Maghreb" dont il cite plusieurs extraits. Ainsi, El Mundo fait la publicité d'un livre bidonné écrit par son directeur adjoint, un jour avant sa publication, en lui réservant trois pages et deux tiers de la Une avec le seul objectif de porter atteinte à l'image du Maroc chez le citoyen espagnol. Car, dire à la Une d'un quotidien comme El Mundo que le chef de l'Etat marocain aurait menacé le ministre espagnol des Affaires étrangères d'attentats terroristes et que les services secrets marocains seraient impliqués dans le massacre de Madrid relève de la diffamation et de l'injure dont l'objectif est de casser la nouvelle dynamique de rapprochement entre le Maroc et l'Espagne. La politique de José Luis Rodriguez Zapatero qui consiste à développer des relations basées sur l'amitié et la coopération avec le Royaume doit gêner la droite espagnole hostile au Maroc. Et si l'on ajoute à cela la convergence d'intérêts entre cette droite radicale et certains milieux anti-marocains qui ont fait de l'Espagne leur arrière base pour attaquer le Maroc et ses institutions, l'on comprend facilement le pourquoi de cette campagne menée par El Mundo pour tenter de salir l'image du Royaume.