À quelques jours de la commémoration des attentats de Madrid, la presse espagnole proche de la droite aznariste attribue à notre confrère Al Ayam des propos accusant le Maroc d'être impliqué dans les attentats terroristes de Madrid. Dans dix jours, le monde commémorera un triste anniversaire. Le 11 mars, les images de la terreur qui avait frappé Madrid et les scènes de désolation reviendront avec force. Le Maroc et l'Espagne sont unis dans la douleur, les deux pays ayant été victimes de la folie terroriste. Toutefois, chez une Partie de l'opinion publique espagnole, le 11 mars évoquera d'autres souvenirs. Chez la droite espagnole, l'on se rappellera la défaite électorale qui avait fait tomber le parti Populaire dans des élections qu'il devait gagner selon les sondages. En effet, dans les milieux du parti de José Maria Aznar, la machine du temps semble s'être arrêtée le 14 mars 2004. Et c'est pour cette raison que, le 11 mars, la direction du PP, au lieu de commémorer, à l'instar de la majorité société espagnole, dans le respect et la dignité, les attentats meurtriers qui ont frappé la capitale espagnole, cette formation en profite pour attiser les feux de la haine et du racisme contre le Maroc. Exploitant ainsi la douleur du peuple espagnol à des fins politiques. C'est dans ce cadre qu'entre la nouvelle campagne menée par ce parti à travers ses médias dont El Mundo le directeur adjoint avait publié un livre accusant ouvertement et sans preuve les services marocains d'être derrière les attentats du 11 mars. Une théorie que le quotidien espagnol continue à défendre bec et ongles deux ans après le drame. Mais, El Mundo n'est pas le seul à jouer ce rôle. Le quotidien "La Razon" – ou "Sin Razon" (sans raison) comme on l'appelle dans les milieux médiatiques espagnols – connu pour ses affinités avec une frange des services de sécurité militaires espagnols, participe à cette fumisterie. Dans son édition du mardi 28 février, ce journal est allé jusqu'à attribuer au directeur de notre confrère arabophone Al Ayam, Noureddine Miftah, des propos qu'il n'a pas tenus. Dans un article signé par Pedro Canales, le journal prétend que M. Miftah a laissé entendre dans son éditorial du 27 février que l'État marocain pourrait être impliqué dans les attentats du 11 mars à Madrid. "Al Ayam s'interroge, dans son éditorial, si cela ne signifie pas que le Maroc est impliqué dans le massacre terroriste", affirme La Razon avant d'ajouter : "c'est la première fois dans le Royaume de Mohammed VI que l'on envisage la possibilité d'une implication officielle ou officieuse du régime ou de l'un de ses services secrets dans le massacre terroriste du 11 mars". La Razon s'est basé sur l'éditorial de notre confrère où il commentait une interview que lui a accordée Mohamed Haddad pour attribuer à M. Miftah le contraire de ce qu'il a écrit (voir entretien). De nationalité marocaine, ce dernier, qui se trouve actuellement au Maroc, est soupçonné par les autorités espagnoles d'être un acteur important des attentats de Madrid. Des documents d'identité lui appartenant trouvés sur l'un des lieux de réunion des présumés terroristes dans la banlieue madrilène ont fait de lui le suspect numéro un. Voilà qu'il est repéré à Tétouan, quelques semaines après les attentats. Du coup, la justice espagnole demande son extradition mais les autorités marocaines répondent qu'elles ne sont pas arrivées à le localiser avant qu'il ne soit retrouvé et arrêté puis relâché pour manque de preuves. Il est à signaler que dans l'entretien publié par Al Ayam , Mohamed Haddad a proclamé son innocence et s'est dit prêt à se rendre en Espagne et à se présenter devant la justice espagnole. Convaincu qu'il pourra prouver son innocence, il revendique le droit de pouvoir se déplacer en Espagne. Or, les milieux de la droite espagnole, qui ont bâti toute leur ridicule accusation de conspiration des services marocains contre le parti d'Aznar sur le personnage de Mohamed Haddad, verraient cette théorie s'écrouler d'un seul coup si ce dernier réussissait à prouver son innocence. D'où la multiplication d'articles tendancieux et mensongers dans les journaux proches de la droite à l'occasion du deuxième anniversaire du massacre tendant à impliquer le Maroc.