Taha Shisseh est allé au bout de ses rêves, passionné pour l'espace et le monde des étoiles. Installé aux Etats-Unis, il attend de soutenir sa thèse doctorale en août au Maroc, pour ensuite revenir au pays de l'oncle Sam afin d'approfondir ses connaissances et recherches dans les astéroïdes et les météorites. Tout a commencé sur la terrasse du domicile familial à Meknès. Chaque nuit, Taha Shisseh, alors enfants, a squatté ce toit, émerveillé par les étoiles, les planètes, les corps célestes et les lumières étoilées qui dissipent l'obscurité nocturne. Les années sont passées et Taha a grandi en rêvant de plonger dans le monde des planètes et des météorites. A 29 ans, il s'en souvient comme si c'était hier. «Depuis mon enfance, j'ai aimé tout ce qui se rattachait aux planètes», confie-t-il à Yabiladi. Mais le hasard l'a mené vers une autre voie. Après avoir obtenu un diplôme en eau et environnement à la Faculté des Sciences et Technologies de l'Université de Sidi Mohamed Ibn Abdellah à Fès, il suit un cursus en sciences naturelles à l'Université Hassan II de Casablanca. Mais Taha ne s'éloigne pas de sa première vocation, qu'il recroise au détour d'un nouvel hasard de vie. «Je n'ai jamais su que je pouvais étudier l'astronomie au Maroc, jusqu'à ce que je rencontre par coïncidence des professeurs spécialisés», se souvient-il. Cet amoureux de l'espace n'a pas hésité à saisir cette occasion en changeant de filière d'études, pour retrouver son rêve d'enfant. En 2017, il travaille sur sa thèse de doctorat en sciences des planètes et météorites. «Bien que j'ai choisi une filière complètement différente de ma formation jusque-là, la géologie que j'ai précédemment étudiée reste finalement liée, ce qui m'a encouragé à mener cette nouvelle expérience.» Taha Shisseh Nouveaux horizons à Santa Fe Taha a choisi d'approfondir la recherche en sciences des météorites et des planétes, en étudiant une première météorite marocaine tombée en 2014, puis une seconde tombée en Algérie en 2013. Six mois plus tard, il voyage à Santa Fe (Nouveau-Mexique), afin de participer à une conférence internationale sur les météorites, la plus grande rencontre mondiale des spécialistes en météorites. «Mon sujet de recherche a été choisi pour participer à la conférence», nous déclare Taha fièrement. «Découvrir ce monde, et en quelques mois, à travers ma participation à cet événement international a été une fierté et un grand défi pour moi», se souvient-il. Le sujet de recherche de Taha a transformé sa vie en celle d'un voyageur à travers le monde, en quête de réponse aux secrets et aux mystères de l'espace et des astéroïdes. Au cours de ses voyages, il ne se sépare jamais de son sac plein de météorites et d'équipements scientifiques. «J'emporte un météore avec moi où que j'aille. Comme ça, lorsque plusieurs personnes que je rencontre me posent des questions sur ma spécialité, je leur présente une pierre venant de l'espace, puisqu'ils n'en ont jamais touché. Je me suis beaucoup attaché à leurs regards, où l'étonnement est mêlé de joie», déclare-t-il encore. Pour soutenir ses recherches doctorales, Taha postule pour des bourses lui permettant de découvrir des processus scientifiques avancés et modernes. Il gravit rapidement les échelons dans le monde de la recherche, grâce à l'appui de son université Hassan II à Casablanca et les laboratoires de celle-ci, en plus de la Fondation à but non lucratif TTARIK pour la météorologie et les sciences planétaires, qui est basée à la Faculté des sciences de cette université. Taha bénéficie ainsi d'une subvention de la France pour achever ses recherches au Musée national d'histoire naturelle de Paris, mais aussi pour travailler sur un autre groupe de météorites. Dans la capitale de l'Hexagone, il passe sept mois avant de déménager en Russie, pour participer à la conférence internationale sur les météorites. En octobre 2018, il déménage en Italie après avoir reçu une autre subvention pour terminer ses recherches à l'Université de Pise, où il passe cinq mois. «Chaque fois que je retournais au Maroc pour écrire des rapports sur mes découvertes, je commençais déjà une nouvelle aventure», souligne-t-il en décrivant son enthousiasme à l'idée de découvrir chaque fois de nouvelles aventures scientifiques. Le chercheur s'installe ensuite aux Etats-Unis, après avoir obtenu l'une des plus importantes bourses américaines du programme Fulbright, pour l'échange académique visant à améliorer les relations entre les cultures, la diplomatie culturelle et les compétences interculturelles entre les Etats-Unis et les autres nationalités. Le choix de vivre ailleurs En septembre 2019, Taha se rend à l'Institut des météorites de l'Université du Nouveau-Mexique. Regroupant des chercheurs chevronnés, ce centre est l'un des plus anciens instituts spécialisés dans le domaine. En plus de travailler sur les météorites marocaines et algériennes, Taha travaille actuellement sur un projet collectif avec les scientifiques de la National Aeronautics and Space Administration (NASA). En reconnaissance aux compétences et aux efforts de Taha pour la science des météorites au Maroc, son nom de famille a été donné à l'un des astéroïdes découverts dans l'espace depuis la Suisse par l'un des chercheurs en astronomie qui le connaissait. Taha a également contribué à nommer trois météores, un français et deux marocains. Après avoir visité de nombreux pays, Taha a décidé de s'installer aux Etats-Unis. En août prochain, il se rendra au Maroc pour la soutenance de sa thèse de doctorat, avant de rentrer au pays de l'oncle Sam pour continuer sa carrière. Son rêve actuellement ? Rejoindre la NASA ou l'université où il est actuellement. L'autre espoir de ce jeune chercheur reste que le gouvernement marocain donne plus d'importance aux chercheurs dans tous les domaines scientifiques, en leur fournissant les moyens qui contribueront à la formation des cadres dont le Maroc a désespérément besoin. «Nous ressentons encore plus ce manque aujourd'hui, avec la pandémie du coronavirus, et nous avons des énergies incroyables qui méritent d'être investies dans ce secteur», espère-t-il ardemment. Article modifié le 2020/05/16 à 02h48