Ahmed Raïssouni ne condamne pas le recours aux prêts accordés dans le Programme Intilaka, lancé le 4 février par le roi Mohammed VI. «Il est clair qu'il ne s'agit pas d'une initiative commerciale et lucrative comme les banques ont coutume de faire. Le taux d'intérêt y est inférieur et procure un bénéfice dérisoire aux banques et autres institutions», a répondu le religieux à une question sur ce sujet. Selon lui, «cette approche est à saluer», arguant qu'elle est «conforme à la charia». Le religieux autorise «ceux ayant des excuses de nécessité» à frapper aux portes des banques qui offrent des prêts avec un faible taux d'intérêt, citant particulièrement les jeunes. «S'ils n'ont pas d'autre source alors ils peuvent contracter ce prêt», précisant que c'est juste une «licence» accordée à «ceux qui sont dans le besoin». La position pragmatique d'Ahmed Raïssouni commence déjà à irriter certains salafistes. Hassan Kettani, qui se considère le gardien du temple, estime qu'elle «n'est conforme ni aux textes de la charia ni aux rapports des oulémas de l'islam». L'avis du membre du conseil exécutif du Mouvement unicité et réforme (MUR) n'est pas sans rappeler la controverse qu'avait soulevée la fatwa de Yusuf al-Qaradawi, publiée en 2006 sur les colonnes du quotidien Attajdid, autorisant les crédits bancaires destinés à l'acquisition de logements pour les Marocains. L'Egyptien, alors en tournée au Maroc sur une invitation du PJD, avait expliqué que les Marocains sont dans les mêmes conditions que les minorités musulmanes dans les pays d'immigration en Europe et aux Etats-Unis. Ce qui avait fait sortir de ses gonds en son temps le Conseil supérieur des oulémas au point de dénoncer, dans un communiqué, l'«ingérence» de l'Egyptien. Sur ce sujet, force est de constater qu'Ahmed Raïssouni est sur la même longueur d'onde que Yusuf al-Qaradawi. Les deux appartiennent en effet à la même matrice. Durant des années, le Marocain était le bras droit de l'Egyptien au sein de l'Union internationale des oulémas musulmans.