Une fatwa de Youssouf Al Qaradawi est à l'origine d'une nouvelle polémique. La sortie de l'invité du PJD et du MUR a poussé la Commission nationale de l'Iftaa à tenir une réunion extraordinaire. Le Conseil supérieur des ouléma s'est réuni hier dimanche 24 septembre 2006 pour examiner la "fatwa" édictée dernièrement par le cheikh égyptien Youssouf Qaradawy à propos des crédits logement et de la possibilité d'y avoir recours par les Marocains. Cette réunion devait se terminer par une réaction officielle du Conseil supérieur des ouléma destinée à mettre fin à la polémique née de la fatwa du célèbre télé-prédicateur. Selon des sources fiables, le Conseil devra, entre autres, rappeler que le domaine de la fatwa au Maroc est bien défini en vertu du Dahir du 22 avril 2004, qu'une commission spéciale en est chargée et qu'il revient à Sa Majesté le Roi Mohammed VI, en tant qu'Amir Al Mouminine (Commandeur des croyants), de décider en dernier lieu. Flash-back : le 10 septembre 2006, le quotidien "Attajdid" avait publié une fatwa de Youssouf Al Qaradawi "autorisant" les Marocains à recourir aux crédits bancaires pour l'acquisition d'un logement. Dans son argumentaire, le cheikh égyptien fait un parallèle entre les Marocains et les minorités musulmanes résidant dans des pays non islamiques "autorisées" à recourir aux banques pour financer l'achat de leurs logements. Pour Al Qaradawi, dans l'un et l'autre cas, cela est permis du moment que les banques islamiques sont inexistantes tant au sein du Royaume que dans les contrées de l'émigration. Youssouf Al Qaradawi qui était invité par le PJD pour animer la cinquième rencontre nationale de la jeunesse de Saâd Eddine El Othmani, organisée à Meknès du 23 au 30 août 2006, avait saisi l'occasion pour distribuer ses fatwas à gauche et à droite. Quelques jours plus tard, c'est un professeur marocain en théologie qui réagissait, sur la même publication, à la fatwa de Al Qaradawi. Mohamed Rouki, affirme que le Maroc est une "terre d'Islam" et qu'il est le seul pays arabo - musulman à disposer d'une Commanderie des croyants et qu'il ne doit donc pas être placé en marge de la communauté islamique. Mohamed Rouki en vient également à proposer des "alternatives" aux banques appliquant des taux d'intérêt comme le recours à la forme associative, aux caisses sociales au niveau des entreprises et, évidemment, la création de banques islamiques au Maroc. Ces dernières sont un véritable cheval de bataille pour Youssouf Al Qaradawi qui fait office de "conseiller" pour une bonne vingtaine d'entre elles à travers le monde. Au Maroc, et pour mettre fin à une confusion qui a longtemps marqué le champ de l'Iftaa, une commission spéciale a été instituée, en octobre 2005, au sein du Conseil supérieur des ouléma que préside Sa Majesté le Roi Mohammed VI. La commission chargée de l'Iftaa est composée de 16 personnes sur les 46 membres du Conseil. Sa mission, encadrée par le Dahir du 22 avril 2004, vise à mettre fin à l'anarchie qui régnait dans le domaine de la fatwa. « Fatwa » et « Irchad » ne renvoient pas à la même chose. «Le "Irchad", explique un théologien, englobe quelques enseignements utiles dans la vie de tous les jours (Zakat, ablutions…) et qui sont d'ailleurs fournis par la ligne verte mise en place par les services du ministère des Habous et des Affaires islamiques». La fatwa, par contre, intéresse un éventail plus étendu et implique la communauté dans sa totalité. La fatwa dépasse le cadre individuel ou restreint pour acquérir un caractère institutionnel. C'est dans le cadre de cette logique que Sa Majesté le Roi Mohammed VI, en sa qualité d'Amir Al Mouminine et président du Conseil supérieur des ouléma, est l'institution habilitée à promulguer les fatwas formulées par la commission créée à cet effet.