Ahmed Raïssouni a lancé un appel à tous les ouléma du monde islamique pour qu'ils se prononcent sur la conformité de la Cour pénale internationale (CPI) à la charia. Dans une lettre signée à Jeddah en Arabie Saoudite, l'ancien président du Mouvement unicité et réforme (MUR), Ahmed Raïssouni, interroge les ouléma de la Nation islamique sur la conformité de la CPI à la charia. «Je vous prie de vous pencher sur cette affaire qui concerne l'ensemble des musulmans et d'édicter une fatwa selon la charia islamique, ses principes et ses règles, et conformément à ce que vous dicte votre conscience et votre responsabilité scientifique», indique M. Raïssouni dans sa lettre. Le document interroge les ouléma sur trois questions. La première concerne la position que doivent adopter les musulmans qui font l'objet de mandats d'arrêt de la part de cette cour. «Les musulmans accusés par cette cour doivent-ils se présenter devant elle pour y être jugés ?», se demande le fquih marocain. La deuxième question qui préoccupe M. Raïssouni est de savoir si les gouvernements des pays islamiques ont l'obligation de livrer les accusés s'ils font partie de leurs citoyens ou s'ils visitent leurs pays. La troisième question à laquelle M. Raïssouni cherche à trouver une réponse est celle du devoir de témoignage devant ce tribunal. «Les musulmans sont-ils tenus de se présenter devant cette cour s'ils sont appelés à y témoigner ?», demande-t-il aux ouléma. Trois questions, et plusieurs options de réponse qui aboutissent à plusieurs combinaisons possibles : «il peut le faire mais il n'est pas obligé» ; «il est obligé, mais le gouvernement ne peut pas le livrer» ; «il a le choix mais le gouvernement ne doit pas l'y obliger» ; «il ne doit pas le faire et le gouvernement n'a pas le droit de le livrer», etc. Tout un casse-tête avec lequel l'ancien idéologue du PJD a choisi d'encombrer davantage les têtes des ouléma de la Oumma. Pourtant, il n'explique pas les raisons qui l'ont poussé à prendre une telle initiative. Sachant que le Maroc n'est concerné ni de près ni de loin par les affaires de cette cour, on se demande pourquoi M.Raïssouni s'y intéresse ? Une simple réponse s'impose : le fquih passe par une période de manque d'inspiration. Vivant en Arabie Saoudite depuis sa démission du MUR, il tente par tous les moyens de se forger une place parmi les ouléma vedettes des chaînes satellitaires. Mais, sur cette affaire, il arrive en retard, encore une fois. Tous les éditeurs-vedettes de fatwas se sont déjà exprimés sur la question. La télévision soudanaise n'arrête pas de diffuser leurs points de vue sur la question où ils appellent, évidemment, le président soudanais à ne pas se présenter devant la CPI et ce conformément aux règles de la charia. M. Raïssouni devrait regarder la télévision soudanaise. Elle est très instructive sur la question.