Ahmed Raïssouni, l'ex-président du mouvememnt unicité et réforme (MUR) vient d'être embauché par l'Académie islamique de jurisprudence basée à Djedda. Le bureau exécutif du MUR lui a donné le feu vert pour cet «exil doré». Ahmed Raïssouni va être absent du Maroc pour une durée de deux ans. Samedi 12 novembre, le bureau exécutif du MUR (Mouvement Unicité et Réforme) lui a donné le feu vert pour rejoindre les équipes d'experts de l'Académie islamique de jurisprudence (Fiqh) basée et Djeddah et relevant des multiples organes subsidiaires de l'OCI (Organisation de la conférence islamique). Dans un communiqué du MUR, il est indiqué que le Bureau exécutif de ce mouvement a donné son accord au départ en Arabie Saoudite de Raïssouni pour deux ans suite à une offre de l'Académie islamique de jurisprudence. Il y est précisé que le fqih du MUR participera et supervisera l'Encyclopédie de la jurisprudence islamique éditée, à gros budgets, par ladite académie. Le MUR, tout en déplorant le «vide» que cela laissera dans les instances du mouvement, affirme qu'il a accepté eu égard à l'importance du projet, mais aussi au parcours scientifique de Raïssouni. Ce dernier, même absent, gardera sa place au Bureau exécutif du MUR et chapeautera toujours la commission scientifique du mouvement de Mohamed Hamdaoui, poursuit le communiqué faisant part de cette « offre alléchante». Passera-t-il inaperçu ? Se fera-t-il oublier ? Rien n'est moins sûr pour celui que Abdelkrim Elkhatib, ex-patron du PJD, a qualifié d' «imbécile» suite à ses déclarations remettant en cause la Commanderie des croyants et les prérogatives royales dans la gestion des affaires religieuses. Juste avant les attentats du 16 mai 2003, Ahmed Raïssouni, dans un entretien accordé à ALM, estimait que la formation du Souverain, sa «capacité humaine» et ses « compétences» ne sauraient l'habiliter à s'acquitter des missions qu'implique «Imarat Al Moumimine». Des propos qui vont susciter polémique et vive indignation dans l'opinion publique nationale y compris au sein du MUR et du PJD. Ahmed Raïssouni, sacrifié par les siens, est démissionné de la présidence du MUR. Mais, de loin, il continuera à exercer la mission de tuteur idéologique aussi bien de son mouvement que du journal «Attajdid», organe officieux du PJD. Raïssouni ne se fera pas oublier pour longtemps. Pendant le dernier mois de Ramadan, et quelques jours avant que Sa Majesté le Roi Amir Al Mouminine ne reçoive les membres de la commission de l'Iftaâ venus lui présenter une fatwa sur les intérêts temporels (Massalih Mursala'h), Raïssouni choisit de revenir à la charge. Et de manière plus virulente. Dans un entretien à l'hebdo «Al Ayyam», celui pour qui la Commanderie des croyants est une véritable obnubilation critique aussi bien la gestion de la chose religieuse au Maroc que la composition de la Commission de l'Iftaâ. Mais assure surtout que Sa Majesté le Roi doit s'occuper des affaires publiques et délaisser la fatwa aux ouléma. Et pas n'importe qui. Le fqih-en-chef du MUR estime que ces derniers doivent être élus, lui qui tire à boulets rouges sur le ministère des Affaires islamiques et fustige ce qu'il considère comme une excessive institutionnalisation de la chose religieuse au Maroc notamment avec la nomination, par le Souverain, du président de la ligue des oulémas Ces derniers, pour Raïssouni, sont en définitive empêchés d'intervenir en dehors du cadre officiel voulu par les hautes autorités de l'Etat. Des assertions qui en disent long sur les aspirations et surtout les déceptions d'Ahmed Raïssouni. Aujourd'hui, il décide d'accepter l'offre de l'Académie islamique de jurisprudence. Marché sur lequel rien n'est dit par le MUR sauf les aspects d'érudition et l'apport spirituel que cela aura pour le leader déchu ( ?) de cette mouvance. L'Académie islamique de jurisprudence est l'un des organes subsidiaires de l'Organisation de la conférence islamique. Elle a été créée par une décision de l'OCI lors du troisième sommet de janvier 1981 tenu en Arabie Saoudite et mise en place en 1983. Sur le papier, cette académie vise à « réaliser l'unité théorique et pratique de la Communauté islamique en essayant de conformer le comportement de l'homme, sur les plans individuel, social et international, aux préceptes de la Charia islamique», mais aussi d' «étudier, d'après la jurisprudence islamique, les problèmes de la vie contemporaine et essayer de leur trouver, au moyen d'un effort d'interprétation authentique, des solutions conformes à la Charia islamique». 43 pays islamiques sont membres de cette académie qui compte 57 membres dont le marocain Hamdati Chbihna Maa Laâinine. Elle a également recours à 128 experts dont cinq marocains alors que l'un des grands postes administratifs revient aussi à un marocain. Adnane Chmaou Fihri s'y occupe des affaires du personnel... La contribution financière des Etats-membres de l'OCI aux budgets de l'Académie islamique de jurisprudence est obligatoire. Son budget est validé par les ministres des Affaires étrangères de l'OCI. Raïssouni y sera comme un poisson dans l'eau. A moins de craindre qu'il ne revienne au Maroc encore plus radical avec toutes les doses de Wahhabisme qu'il aura à portée...