Après le Salvador et la Bolivie, l'Uruguay sera-t-il le prochain pays d'Amérique latine à retirer sa reconnaissance de la «RASD» ? Des signaux en provenance de Montevideo laissent entrevoir un retour à des relations apaisées avec Rabat, à l'instar de celles qui prévalaient avant le 26 décembre 2005. Le 1er mars, Luis Lacalle Pou sera officiellement investi président de la république d'Uruguay. A deux semaines de ce grand rendez-vous, le prochain chef d'Etat a donné ses instructions pour écarter de la liste des invités à sa cérémonie de prestation de serment les représentants des gouvernements de Cuba, du Nicaragua et du Venezuela, rapportent plusieurs médias locaux. Ernesto Talvi, pressenti pour prendre les commandes de la diplomatie de Montevideo, a donné aux officiels marocains des signes de prise de distance avec le Polisario et pourquoi pas la suspension de la reconnaissance de la «RASD». «Nos relations sont avec les Etats et non avec les dirigeants. Elles ne sont pas basées sur des affinités mais sur des intérêts», a déclaré Talvi en présentant les grandes lignes de sa politique étrangère. 2005, année de bascule entre l'Uruguay et le Maroc L'équipe Lacalle Pou a, par ailleurs, décidé de reconnaitre Juan Guaido en sa qualité de «président légitime du Venezuela». Un acte qu'elle partage désormais avec le Maroc et qui devrait faciliter un rapprochement entre Rabat et Montevideo dans les mois à venir en vue d'un retour aux relations qui prévalaient avant la reconnaissance de la «RASD» le 26 décembre 2005 par le président Tabaré Vázquez. Une décision qui avait surpris en son temps le gouvernement Driss Jettou, sachant que le 1er mars de la même année une importante délégation marocaine conduite par Abbas El Fassi, alors ministre d'Etat, avait pris part à l'investiture de Vázquez et tenu des réunions avec le vice-président Nin Novoa et le ministre des Affaire étrangères, Reynaldo Gargano. La question du Sahara occidental était au menu des entretiens d'El Fassi avec ses interlocuteurs uruguayens. Sentant les vents qui soufflaient en sa défaveur avec l'arrivée de la «vague rouge» en Amérique latine, le royaume avait pris l'initiative de mobiliser ses responsables politico-gouvernementaux pour mettre le cap sur la région avec la mission de mieux expliquer la position du Maroc sur le Sahara. Mohamed El Yazghi, aux moments des faits ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et de l'Eau, avait ainsi été envoyé le 26 juillet 2005 en Uruguay. Le 3 août de la même année, c'était le tour de Mohand Laenser, titulaire du portefeuille de l'Agriculture, de lui emboîter le pas. Cependant ces efforts ne se sont pas avérés concluants. Le gouvernement de coalition de gauche de «Frente Amplio» (Front élargi) avait préféré accorder la priorité à l'idéologie en établissant des relations diplomatiques avec la «RASD». Une reconnaissance qui intervenait après celles de l'Afrique du sud (septembre 2004) et du Kenya (juin 2005). La «vague rouge» montre désormais des signes d'essoufflements. Une opportunité pour le Maroc dans sa stratégie de (re)conquête diplomatique en Amérique latine.