Si en 2019, le Maroc a réussi une percée dans le Salvador, 2020 pourrait apporter de nouveaux retraits de la reconnaissance de la «RASD» par des pays de l'Alliance bolivarienne (ALBA) et d'Amérique latine. Le 30 novembre, Luis Lacalle Pou était proclamé nouveau président de l'Uruguay. Une victoire qui confirme le retour en force de partis de la droite et du centre droit dans les pays d'Amérique latine ; la vague rouge qui avait déferlé sur les Etats de la région n'est plus d'actualité. Une aubaine pour le Maroc qui lui permet ainsi de récupérer du terrain dans la région face au Polisario, indique l'agence EFE. Le média espagnol s'est intéressé à l'Alliance bolivarienne pour les Amériques (ALBA), formée en 2004 à l'initiative des anciens présidents Fidel Castro et Hugo Chavez. Le groupe compte aujourd'hui l'adhésion de Cuba, du Venezuela, du Nicaragua, la Dominique, Antigua-et-Barbuda, l'Equateur, Saint-Vincent-et-les Grenadines, Sain0et-Lucie, Saint-Christophe-et-Niévès et la Grenade. EFE souligne que «la majorité des membres de l'ALBA ont des ambassades à la République arabe sahraoui démocratique (RASD) et se considèrent comme de solides alliés du Front Polisario». Une «affirmation» à prendre avec prudence, car jusqu'à présent seuls Cuba, le Venezuela, le Nicaragua et l'Equateur continuent d'avoir des relations diplomatiques avec la «RASD». En revanche, les autres ont tous retiré, en août 2010, leurs reconnaissances de la république autoproclamée en 1976. L'Equateur du président Lenin Moreno pourrait même leur emboîter le pas dans un avenir proche. D'ailleurs, l'agence espagnole rappelle que le vice-ministre des Affaires étrangères de Quito, Andrès Terán, s'était rendu à Rabat en septembre dernier et avait eu des entretiens avec le chef de la diplomatie, Nasser Bourita. Le Maroc est présent à l'ALBA depuis des années Contrairement à ce qui a été avancé par EFE, le Maroc a ouvert des ambassades dans la région d'ALBA : à la Dominique, Sainte-Lucie, Grenade, Antigua-et-Barbuda. Des représentations diplomatiques existent également à Cuba et en Equateur. Cette percée dans la zone des Etats de l'Alliance bolivarienne ne se limite pas seulement à la question du Sahara occidental. En témoigne le soutien de nombreux pays de la zone à la candidature du royaume à l'organisation du Mondial de 2026. Actuellement, Rabat a dans le viseur certains pays d'Amérique latine qui connaissent l'arrivée de forces de droite et de centre droit au pouvoir par les urnes, tel l'Uruguay, ou par un coup d'Etat militaire, comme dans le cas de la Bolivie, et sans perdre de vue la grave crise politique au Nicaragua où l'ancien rebelle Daniel Oretaga veut céder le gouvernail à des membres de sa famille. Luis Lacalle Pou a déjà annoncé en effet une révision de la politique étrangère suivie par la gauche du «Frente Amplio» depuis 2004, avec le retrait de son pays du «Mécanisme de Montevideo», un groupe créé pour soutenir une solution politique à la crise vénézuélienne et qui donnait de la légitimité au régime de Nicolas Maduro. Le Maroc bénéficiera-t-il de cette révision ? En Bolivie, il faut attendre la tenue de nouvelles élections présidentielles pour confirmer le retour de la droite à la présidence après plus de 22 ans de règne sans partage d'Evo Morales pour que la diplomatie marocaine puisse espérer un retrait de la reconnaissance de La Paz de la «RASD». Article modifié le 2019/12/16 à 21h37