Décembre 2012, la Direction des affaires américaines au ministère des Affaires étrangères propose un plan d'action ciblant l'Amérique latine, une région connue pour sa proximité avec le Polisario et où le royaume peine à asseoir son influence, même si au début des années 2000, Rabat avait enregistré quelques succès. Détails. Une délégation du Forum des présidents des pouvoirs législatifs d'Amérique centrale et des caraïbes (FOPREL) a effectué du 27 au 29 octobre une visite au royaume. Bien que cette partie de l'Amérique ne compte aucun pays siégeant au conseil de sécurité (en tant que membre non-permanent), le soutien exprimé par les membres de la mission au Maroc sur le dossier du Sahara occidental, est un point à mettre à l'actif de notre diplomatie. Une stratégie élaborée en 2012, comme vient de révéler un document confidentiel du ministère des Affaires étrangères, publié sur Twitter par un certain Chris Coleman. Contexte critique pour le Maroc en 2012 Le 14 décembre 2012, la Direction des affaires américaine au sein du MAE adresse une note à Saâdeddine El Othmani, à l'époque chef de la diplomatie, sur le plan d'action pour l'Amérique latine au titre de l'année 2013. Une région où le Polisario enregistre un certain succès, au point que neuf Etats reconnaissent la «RASD». «L'Amérique Latine est en proie, depuis ces derniers mois, à un activisme acharné des séparatistes, qui ont intensifié leurs manœuvres auprès des divers milieux latino-américains, notamment gouvernementaux, parlementaires, académiques et de la société civile, pour obtenir des soutiens et des revirements de positions à l'égard de la question du Sahara», alerte la DAA. Le Polisario, comme le reconnait le document confidentiel, a pu obtenir des revirements de position de la part de pays anciennement acquis au Maroc, tels le Salvador, l'Uruguay et le Paraguay. Mais ce dernier Etat a officiellement retiré sa reconnaissance de la RASD, en janvier 2014. Des pays «irrécupérables» pour le Maroc En vue de renverser la vapeur en faveur du royaume, la feuille de route marocaine prévoit «un déploiement de notre action diplomatique ciblant : les pays amis du Maroc siégeant au Conseil de sécurité et les pays latino-américains amis traditionnels à préserver». Plus réaliste, le document classe des pays dans la case d' «irrécupérables, entièrement acquis aux séparatistes». Il s'agit des pays membres de «l'Alliance Bolivarienne pour les Peuples de notre Amérique» (ALBA), composée de la Bolivie, de l'Equateur, du Venezuela et du Nicaragua avec lesquels «il est impossible dans les circonstances actuelles d'engager un dialogue constructif. Tant que les gouvernements de ces Etats n'auront pas changé (élections présidentielles), ils continueront de constituer "le fief" des séparatistes». La rédaction du plan d'action a précédé, de quelques mois, le décès de Hugo Chavez, survenu le 5 mars 2013. Qu'en est-il du résultat ? En dépit de ce constat, la Direction des affaires américaines propose un renforcement du «partenariat politique» ; du «partenariat économique et commerciale» et rehausser «le niveau de la présence du Maroc» sur le plan régional. Après presque deux années suite à la mise en application de ce plan d'action, Rabat a réussi à arracher la suspension de la reconnaissance de la RASD par le Panama et le Paraguay. Au niveau économique, le royaume est, depuis mi-février dernier, membre observateur au sein de l'Alliance du Pacifique, un groupement régional composé du Chili, le Pérou, le Mexique et la Colombie. Néanmoins, les nouvelles en provenance de l'Amérique latine pourraient être en défaveur du Maroc. La réélection de Dilma Rousseff à la tête du Brésil a été très bien accueillie par le Polisario, puisque la présidente avait promis à des députés de gauche de reconnaitre prochainement la RASD. Rabat a, également, du souci à se faire avec l'élection du Venezuela, pour un mandat de deux années, au Conseil de sécurité. Caracas, même sans Hugo Chavez, gardera la même politique étrangère avec son successeur, Nicolas Maduro.