Le président vénézuélien Hugo Chávez est décédé mardi à Caracas des suites de son cancer. Le Maroc, qui a rompu ses relations avec le Venezuela en 2009, peut espérer une inflexion de la position vénézuélienne sur le dossier du Sahara. Le président vénézuélien Hugo Chávez est décédé mardi à Caracas. à 58 ans des suites de son cancer diagnostiqué en juin 2011, sans avoir pu prendre congé de ses compatriotes, point final de 14 années de pouvoir sans partage qui ouvre la voie à des élections anticipées. «Nous avons reçu l'information la plus éprouvante et la plus tragique que nous puissions annoncer à notre peuple. A 16h25 aujourd'hui 5 mars, est mort notre commandant président Hugo Chávez Frias après avoir combattu avec acharnement contre une maladie depuis près de deux ans», a déclaré dans une allocution retransmise par toutes les chaînes de télévision du pays le vice-président et héritier désigné, Nicolas Maduro, au bord des larmes. Agé de 50 ans, Nicolas Maduro devrait être le candidat du Parti socialiste au pouvoir pour l'élection présidentielle anticipée dont l'organisation doit intervenir dans les 30 jours, selon la Constitution. Il sera probablement opposé au gouverneur de centre-droit Henrique Capriles, 40 ans, candidat malheureux contre Hugo Chávez en octobre. Le ministre des Affaires étrangères Elias Jaua a annoncé par la suite que Nicolas Maduro assurera l'intérim jusqu'à la prochaine élection. «Maintenant qu'il existe une vacance absolue (de la présidence), le vice-président de la République assume (la fonction) de président et une élection est convoquée dans les 30 prochains jours. C'est le mandat que nous a donné le commandant président Hugo Chávez», a-t-il dit à la télévision Telesur. Réactions internationales, de l'Iran aux USA Les réactions internationales au décès de Chavez ne se sont pas faites attendre, notamment de la part de ses alliés sud-américains (Bolivie, Cuba, Equateur, Nicaragua). «Le gouvernement brésilien n'a pas toujours été intégralement d'accord avec le président Chávez mais sa disparition représente une perte irréparable. Il était un ami du Brésil et du peuple brésilien», a pour sa part affirmé la présidente brésilienne Dilma Rousseff. Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad et le régime syrien, soutenus publiquement par Chavez, ont également rendu hommage au président vénézuélien. Pourfendeur de l'impérialisme américain, Chavez entretenait des relations très tendues avec les Etats-Unis, alors que son pays est un des plus grands producteurs de pétrole de la planète. «Au moment où le Venezuela entame un nouveau chapitre de son histoire, les Etats-Unis continuent à soutenir des politiques qui soutiennent les principes démocratiques, l'Etat de droit et le respect des droits de l'homme», a affirmé le président américain Barack Obama. Les palestiniens ont aussi réagi à l'annonce du décès de Chavez. «La Palestine dit adieu à un ami loyal qui a défendu passionnément notre droit à la liberté et à l'autodétermination», a déclaré Nabil Shaath, en charge des relations extérieures du mouvement palestinien Fatah. «Le président Chávez a sans cesse travaillé non seulement pour la dignité et la gloire de son Amérique latine bien aimée, mais aussi pour tous les peuples opprimés, y compris la Palestine, un pays qu'il gardait dans son cœur», a-t-il ajouté. Relations diplomatiques avec le Maroc Au Maroc, l'agence de presse officielle MAP a annoncé le décès du leader bolivarien mais aucune déclaration officielle n'a été faite pour le moment. Rabat avait rompu ses relations diplomatiques avec le Venezuela début 2009 en fermant son ambassade à Caracas (trois mois avant de faire de même avec l'Iran). Les autorités marocaines avaient expliqué leur décision par la position du Venezuela sur la question du Sahara. Soutien de poids au Polisario, Caracas reconnaît la RASD depuis 1982 et venait de nommer son ambassadeur à Alger, Hector Michel Mujica, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire auprès de la « république sahraouie ». Les liens entre Rabat et Caracas ne sont toutefois pas totalement rompus. Le Maroc continue d'importer certains produits vénézuéliens (soufre, houille, etc.) et Lakome a constaté que si l'ambassade du Maroc à Caracas a été fermée, celle du Venezuela à Rabat est aujourd'hui ouverte. En cas de victoire de l'opposant Henrique Capriles (centre-droit) aux élections présidentielles anticipées, le Maroc peut espérer à terme une inflexion de la position vénézuélienne sur le dossier du Sahara.