Selon les partisans du projet, les réserves que les pays latino-américains pourraient consacrer à cette «Banque du Sud» pour financer des programmes de développement s'élèvent à 200 milliards de dollars. L'Amérique du Sud a jeté mardi à Asuncion (Paraguay) les bases d'une banque régionale, un projet impulsé par le Vénézuélien Hugo Chavez pour s'affranchir d'un Fonds monétaire international (FMI) très critiqué. Alors que les organisations internationales suscitent une méfiance grandissante dans la région, les pays membres du Mercosur, le marché commun sud-américain, ont convenu de créer une «Banque du Sud» lors d'un mini-sommet, organisé dans la capitale paraguayenne. Le président du Paraguay, Nicanor Duarte, qui assure la présidence tournante du bloc commercial regroupant en outre l'Argentine, le Brésil, le Venezuela et l'Uruguay, a annoncé que la création de cet organisme était devenue une «réalité». «La Banque du Sud est une réalité et nous devrons perfectionner avec le temps son fonctionnement et sa gestion», a déclaré M. Duarte lors du sommet qui rassemblait les ministres des Affaires étrangères et de l'Economie du Mercosur, ainsi que de l'Equateur. Ce projet a été impulsé par le président vénézuélien Hugo Chavez, chef de file de la gauche radicale dans la région, afin de contrer le poids des organisations internationales comme le FMI ou la Banque mondiale (BM). M. Chavez a récemment annoncé la sortie de son pays de ces deux organismes, accusés d'avoir aggravé la pauvreté en Amérique latine à travers les cures d'austérité imposées en échange de prêts dans les années 80 et 90. L'Equateur, dirigé par son allié, Rafael Correa, a expulsé le représentant de la BM et plusieurs pays, comme l'Argentine, l'Uruguay et le Brésil, ont déjà réglé par anticipation leur dette au FMI. La création de la «Banque du Sud» sera officiellement entérinée lors du sommet des Chefs d'Etat du Mercosur, prévu les 28 et 29 juin dans la capitale paraguayenne. Le chef de la diplomatie vénézuélienne, Nicolas Maduro, a assuré que ce projet représentait une «alternative forte» en Amérique latine face aux organismes internationaux. «Ils nous pillent. Pour cette raison, la Banque du sud est une alternative forte», a-t-il lancé, en se réjouissant de cet accord obtenu après «huit ans d'insistance du président Chavez dans tous les forums».