Après un nouveau décompte qui a duré trois jours, le tribunal électoral uruguayen a confirmé, ce jeudi, la victoire du candidat de centre-droit Louis Lacalle Pou, 46 ans, avec 1,168 million de voix soit 48,71% des suffrages exprimés contre Daniel Martinez, 62 ans, ancien maire de Montevideo, candidat de la coalition sortante, le Frente Amplio (Front Elargi) qui n'a recueilli, quant à lui, que 1,139 million de voix soit 47,51% des suffrages exprimés. Reconnaissant sa défaite – même si elle n'est que d'une courte tête – Daniel Martinez s'est empressé d'écrire sur son compte Twitter : «Nous saluons le président élu Luis Lacalle Pou que je vais rencontrer demain (…) Nous continuerons à défendre, plus que jamais, la démocratie»; à la suite de quoi le candidat victorieux lui a immédiatement répondu «Gracias Daniel» (merci Daniel). La victoire de Luis Lacalle Pou qui n'est autre que le fils de Luis Alberto Lacalle qui avait présidé aux destinées de l'Uruguay de 1990 à 1995, a fait descendre dans les rues de Montevideo, la capitale du pays, des milliers d'uruguayens contents de tourner la page de quinze années de présidence de gauche dans un pays jusque-là épargné par la vague de contestation qui balaie l'Amérique latine. Cette victoire met donc fin à la «vague rose» qui, en déferlant sur la région avec les gouvernements de Nestor et Cristina Kirchner en Argentine, Luis Inacio Lula da Silva au Brésil, Evo Morales en Bolivie et, enfin, Rafael Correa en Equateur, avait duré 15 années avec Tabaré Vasquez (2005-2010/2015-2020) et l'ancien guérillero d'extrême-gauche Jose Mujica dit Pépé Mujica (2010-2015). Il convient de préciser que lorsque la coalition de gauche était aux commandes de l'Uruguay, elle avait approuvé l'avortement en 2012, le mariage homosexuel en 2013 avant d'être pionnière dans la légalisation du cannabis la même année. En outre, de 2004 à 2008, l'Uruguay avait connu un taux de croissance supérieur à 6% et, pendant les seize années du gouvernement de gauche, le pays a connu la plus longue expansion de son histoire. D'ailleurs, la restructuration de l'économie uruguayenne est consécutive aux réformes entreprises par les deux présidents Tabaré Vasquez et José Mujica afin de doter le pays des politiques sociales nécessaires à son relèvement économique. Et si l'Uruguay reste, tout de même, l'un des pays les plus sûrs et les plus stables d'Amérique latine en dépit d'une brusque hausse de la criminalité l'année dernière, il y a lieu de reconnaitre, toutefois, que la criminalité y arrive, quand même, en tête des préoccupations des électeurs. D'un autre côté, en matière économique, le chômage frôle 9,5% alors que le coût de la vie et la pression fiscale figurent en tête des récriminations des chefs d'entreprises et des commerçants. Autant de raisons qui avaient poussé le nouveau président à s'engager, durant sa campagne électorale, à diminuer les dépenses de l'Etat pour réduire le déficit public qui est de l'ordre de 4,9% du PIB et à ne point augmenter les impôts afin de pouvoir « donner de la marge » à tous ceux qui produisent. Et même si Luis Lacalle Pou qui a été immédiatement félicité par le président sortant argentin Mauricio Macri et invité par Jair Bolsonaro à «venir visiter le Brésil rapidement» ne sera officiellement investi à la tête de l'Uruguay que le 1er Mars 2020, le président-élu a déjà commencé à former une équipe gouvernementale qui comprendra des représentants de tous les partis de la coalition conservatrice de droite. Enfin, Luis Lacalle Pou et sa coalition de droite parviendront-ils à faire pour l'Uruguay plus et mieux que ce qu'ont fait leurs prédécesseurs de gauche ? Attendons pour voir…