Si la Bolivie vient de rejoindre le camp des pays ayant gelé leur reconnaissance de la «RASD», confirmant la percée du Maroc sur ce continent, plusieurs ont fait des volte-faces, tandis que le Polisario garde un ancrage fort en Afrique. À la fin des années 70 et au début des années 80, le nombre de pays reconnaissant la «RASD», autoproclamé par le Front Polisario depuis les camps de Tindouf en 1976, dépassait les 80. C'est grâce notamment à ce chiffre que le Polisario avait réussi à décrocher une place au sein de l'Organisation de l'unité africaine (OUA). Le mouvement séparatiste bénéficiait alors d'une diplomatie algérienne active et des conditions de la guerre froide entre les deux camps : oriental dirigé par l'Union soviétique sur lesquels l'Algérie comptait ; occidental sous la direction des Etats-Unis. Mais avec l'effondrement du mur de Berlin et la disparition de l'Union soviétique, les choses ont commencé à basculer progressivement en faveur du Maroc. De nombreux pays sur lesquels les vents du changement ont soufflé, ont fini par reconsidérer leurs relations avec le Polisario. Une dizaine de pays en Amérique latine face à une Asie pro-Maroc Le dernier en date est la Bolivie, qui a annoncé lundi le gel de sa reconnaissance de la «RASD». Une décision prise par le gouvernement de la présidente par intérim Jeanine Añez, après la «démission» d'Evo Morales. La Paz reconnaissait la «RASD» depuis décembre 1982. Mais en Amérique Latine et dans les Caraïbes, d'autres pays reconnaissent encore cette entité et maintiennent leurs liens avec le Polisario. C'est le cas notamment du Mexique, de Belize, de l'Uruguay, du Venezuela, de Cuba, du Nicaragua, du Guyana et de Trinidad et Tobago. D'autres pays, comme l'Equateur et le Panama, avaient gelé leurs reconnaissances de la «RASD» avant de reprendre leurs relations avec le Polisario. Vers de nouveaux retraits de la reconnaissance de la «RASD» en Amérique latine en 2020 ? Cependant, la liste des pays ayant retiré ou gelé leur reconnaissance de l'entité sahraouie autoproclamée ne cesse de s'allonger. Rien qu'en 2019, le Salvador puis la Barbade ont annoncé rejoindre le club des Etats qui rompent leurs relations avec le Polisario. Si l'offensive marocaine sur le continent américain commence à porter ses fruits, le Maroc a bien avant réussi à chasser le Polisario de l'Asie. Plusieurs Etats, comme l'Inde, l'Afghanistan, le Cambodge et le Vietnam reconnaissaient la «RASD», avant de retirer leurs reconnaissances et rompre les liens diplomatiques avec le Polisario. Pour le moment, les partisans de Brahim Ghali ne peuvent compter que sur deux Etats : la Corée du Nord et le Timor Oriental. Plusieurs soutiens en Afrique C'est toutefois en Afrique que le Polisario maintient ses principaux soutiens. Hormis ses traditionnels avocats, l'Algérie et l'Afrique du Sud en l'occurrence, c'est le cas de la Mauritanie, du Mali, de l'Angola, du Botswana, de l'Ethiopie et du Kenya qui reconnaissent toujours la «RASD». Il s'agit aussi de la Namibie, du Nigeria, du Rwanda, de Tanzanie, de l'Ouganda et du Zimbabwe. D'autres Etats, comme l'Île Maurice, le Malawi et la Zambie peinent à choisir entre les deux camps, avec des gels et reprises de reconnaissance de la «RASD» ces dernières années. Le Maroc peut toutefois se féliciter d'avoir réussi à décrocher la neutralité du Lesotho, qui a annoncé en décembre le gel de sa reconnaissance de l'entité du Polisario après avoir fait volte-face début octobre. Il peut aussi compter sur le soutien de plusieurs autres Etats africains. En juillet 2016, plus de 28 membres de l'Union africaine, dont le Sénégal, le Gabon, le Ghana et la Côte d'Ivoire avaient, en effet, déposé une demande au président tchadien, alors président de l'UA, pour geler la participation du Polisario aux activités de l'organisation panafricaine. A cela s'ajoute le fait qu'avec la décision du Lesotho et la visite du chef de la diplomatie marocaine au Mozambique en avril dernier, même si ce pays reconnait toujours la «RASD», Rabat n'hésite plus à chasser dans le pré-carré du Polisario et multiplier ses cartes pour d'autres victoires diplomatiques sur le continent. Encore faut-il rappeler que depuis 2011, aucun pays n'a annoncé une nouvelle reconnaissance de la «RASD». Article modifié le 2020/01/21 à 17h03