Soutenu par l'administration Trump, le Maroc avait demandé du temps avant de nommer un successeur d'Horst Köhler et la reprise d'une autre session des Tables rondes de Genève. Rabat a estimé que tant que la situation en Algérie ne s'est pas stabilisée, tout le processus devrait marquer une pause. Un argument qui ne pourrait plus être tenable avec l'annonce de la composition du nouveau gouvernement algérien. L'Algérie a, depuis ce soir, un nouveau gouvernement, composé de 39 membres. Sabri Boukadoum reste aux commandes du ministère des Affaires étrangères. Nommé à la tête de la diplomatie, le 31 mars 2019 dans la foulée du limogeage de Ramtane Lamamra, l'ancien représentant d'Alger aux Nations unies a visiblement la confiance du pouvoir en place. Au lendemain de la prestation du serment du président Abdelamjid Tebboune, il a été désigné Premier ministre par intérim. Boukadoum est, d'ailleurs, l'un des rares ministres désignés officiellement sous la présidence d'Abdelaziz Bouteflika au même titre que Zitouni au département des Moujdahidines, à garder leurs postes dans l'exécutif Djerad. Cette confiance renouvelée en Boukadoum permettra-t-elle de réactiver les pourparlers sur la question du Sahara occidental, sachant que le processus est en rade depuis la démission d'Horst Köhler en mai 2019 pour «raisons de santé» ? Le Maroc avait conditionné la nomination d'un nouvel envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental -et ensuite la reprise des Tables rondes de Genève- à la nomination d'un gouvernement en Algérie. Vers une reprise des Tables rondes de Genève ? Le royaume considère en effet que depuis le lancement par l'ancien président allemand de ce cadre des négociations entre les parties, le voisin de l'Est a connu une instabilité au niveau de sa diplomatie, entre décembre 2018 et mars 2019, avec le passage de deux ministres en presque quatre mois : Abdelkader Messahel et Ramtane Lamamra ayant pris part respectivement aux premier et deuxième rounds de Genève. Compte tenu de ce facteur, le Maroc a demandé du temps avant le retour aux négociations. Il n'était, d'ailleurs, pas le seul à privilégier cette option puisque les Etats-Unis étaient du même avis. En témoigne, les déclarations d'un haut responsable au Département d'Etat à l'occasion d'un point de presse, tenu le 27 novembre à Washington. «Evidemment, le Sahara occidental est une question prioritaire pour les Marocains et nous sommes engagés avec les Nations unies dans le but d'avancer vers une solution politique», a-t-il déclaré. Et de préciser que «la nomination d'un nouvel envoyé est proche mais il reste beaucoup de chemin à parcourir pour la reprise des pourparlers». Sabri Boukadoum ne tardera pas à se prononcer sur la question du Sahara occidental bien que Abdelmajid Tebboune est beaucoup plus préoccupé par la situation en Libye. La semaine dernière, il a présidé une réunion du haut conseil de sécurité consacrée à l'examen de la crise libyenne.