Au moment où des contestations monstres sont prévues aujourd'hui en Algérie, Ramtane Lamamra, ministre des Affaires étrangères et vice-Premier ministre algérien, viscéralement anti-marocain, conduit à Genève la délégation de son pays pour prendre part au deuxième round des pourparlers préliminaires sur le Sahara, organisés sous l'égide des Nations Unies conformément à la Résolution 2440 du Conseil de Sécurité. Ce cacique du pouvoir, fidèle parmi les fidèles de Bouteflika, appelé tout récemment à la rescousse d'une oligarchie présidentielle en prise avec la révolte en cours du peuple algérien contre le régime en place, succède dans cette mission à un autre adepte de l'anti-marocanisme primaire, Abdelkader Messahel, un des premiers à avoir fait les frais de la révolte enclenchée le 22 février dernier. Lamamra qui retrouve le poste de ministre des Affaires étrangères qu'il avait déjà occupé de 2013 à 2017, préfère donc être présent aux pourparlers de Genève sur un dossier dont le peuple algérien n'a que foutre plutôt que de se préoccuper de la situation intérieure très critique de son pays. Voilà qui devrait interpeller la communauté internationale sur le degré d'implication du régime algérien dans le conflit du Sahara, et le peuple algérien sur le mépris que lui réservent ses dirigeants. La présence de Lamamra à Genève en dit, en tout cas, long sur la place qu'occupe le Sahara dans l'agenda du régime algérien et sur la haine que ce dernier éprouve pour le Maroc. Et pour cause. Celui qui fut, pendant très longtemps, un habitué des arcanes de l'Union Africaine (UA), avait particulièrement brillé par ses conspirations contre l'intégrité territoriale du Royaume, puis par ses basses et vaines manœuvres orientées contre le retour du Maroc dans le giron de l'instance panafricaine. Partant de là, il est presque certain qu'il usera à Genève du même machiavélisme dont il a toujours fait preuve à chaque fois qu'il s'agissait du Sahara marocain. L'émissaire spécial des Nations Unies pour le règlement de la question du Sahara, Horst Köhler, aura pour ainsi dire affaire à un rompu de l'avortement des processus de négociations, d'autant plus qu'aujourd'hui l'Algérie prend place autour de la table en qualité de partie au conflit. Il suffit de rappeler que c'est le même Lamamra qui avait dirigé, en 2007, la délégation algérienne lors des négociations de Manhasset engagées sur la base de l'offre marocaine d'autonomie et que son rôle dans l'échec de ces négociations est de notoriété publique. C'est aussi en réaction à ses manigances que l'ancien médiateur onusien, Peter van Walsum, avait démissionné. C'est pourquoi sa participation aux pourparlers de Genève ne saurait s'inscrire dans une quelconque volonté algérienne de recherche d'une solution politique négociée au problème du Sahara. Jamal HAJJAM