Déboutées il y a quelques semaines par une cour d'instruction à Huelva sur la plainte pour atteinte aux droits des travailleurs, les saisonnières marocaines essuient un autre échec après que leur plainte pour agression sexuelle présumé a été elle aussi classée sans suite. Vendredi dernier, la Cour d'instruction numéro 3 de La Palma del Condado (province de Huelva) a de nouveau classé sans suite la demande déposée par Belén Luján, avocate des saisonnières marocaines, dans le cadre de la plainte pour harcèlement sexuel. Un jugement qui vient renforcer le sentiment d'abandon dont elles ont fait part auprès de Yabiladi, après que la Cour d'instruction numéro 1 de La Palma del Condado eut, elle aussi, classé sans suite leur plainte pour atteinte aux droits des travailleurs. Selon le site d'information Andalucia Informacion, le juge a rendu son verdict dans lequel il décide du renvoi provisoire, pour la deuxième fois, du dossier. Dans sa décision, le magistrat estime que «la perpétration du crime présumé qui a donné lieu à l'affaire ne semble pas dûment justifiée». «Ainsi, conformément aux dispositions de l'article 641-1 du Code de procédure pénale, il est nécessaire de décréter le renvoi provisoire de la procédure», ajoute le juge. Cette décision est également justifiée par l'absence des saisonnières lors de leur déclaration par vidéoconférence, qui a eu lieu vendredi dernier. Le jugement souligne qu'«aucune d'entre elles ne s'est présentée au siège du tribunal». Dans le verdict classant pour la seconde fois cette affaire et qui peut toujours faire l'objet d'un appel, le juge fustige «la manœuvre dilatoire des plaignantes et le manque de volonté de collaborer avec l'administration de la justice». Les saisonnières absentes d'une comparution par vidéoconférence Contacté ce lundi par Yabiladi, l'avocate des saisonnières marocaines, Belén Luján affirme que les «quatre saisonnières qui ont dû faire la déclaration devant le juge ont été admises à l'hôpital et n'ont donc pas pu comparaître». «Le juge a décidé de renvoyer provisoirement» l'affaire, ajoute-t-elle, affirmant qu'elle compte interjeter appel et même saisir la Cour de cassation. De plus, La Mar de Onuba a rappelé vendredi que l'avocate a demandé au juge que les identités de ses clientes soient préservées lors de la visioconférence. Belén Luján a évoqué «la gravité des faits dont elles souhaitent témoigner et les répercussions sociales et familiales de ce type d'affaires dans leur pays d'origine». Dans une autre mise à jour, le média, citant des sources au sein de l'Association des usagers de l'administration de la justice (AUSAJ), a affirmé que le juge a refusé jeudi les mesures de protection demandées par la défense. Le magistrat a fondé sa décision sur le fait que «comme indiqué dans la plainte déposée le 1er juin 2018 auprès de la Garde civile d'Almonte, les faits dénoncés n'atteignent pas le degré d'agression sexuelle». Une raison, preuve d'un bras de fer entre le juge et la défense, qui pourrait expliquer l'absence des plaignantes lors de la comparution par vidéoconférence. Pour rappel, les deux dossiers des saisonnières, l'un pour agressions sexuelles présumées et l'autre pour atteinte aux droits des travailleurs, ont été classés sans suite par, respectivement, les cours d'instruction numéro 3 et 1 de La Palma del Condado (province de Huelva). Toutefois, ces deux décisions ont été déboutées par la cour d'appel de Huelva en juin 2018 et par un juge de l'Audience nationale.