Depuis sa mise sous écrou à la prison de Ain El Borja à Casablanca en février 2018, les autorités «ne permettent pas à Touafik Bouachrine de rencontrer d'autres prisonniers ou d'interagir avec les gardiens». C'est ce que rapporte ce vendredi l'ONG international Human Right Watch (HRW), dans un article dénonçant un «traitement cruel et inhumain au regard des règles des Nations unies». Pour l'ONG, les autorités pénitentiaires marocaines maintiennent l'ex-directeur de publication d'Akhbar Alyaoum «sous une forme de régime d'isolement abusif». «Quels que soient les crimes dont on l'accuse, un détenu a le droit d'être traité avec humanité», a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch, pour qui «le régime d'isolement draconien imposé à Taoufik Bouachrine est injustifié et doit être levé». «Il y a un monde de différence entre accorder une cellule individuelle à un détenu, et le priver de contacts quotidiens. La première mesure peut être humaine, mais la seconde est inhumaine.» Sarah Leah Whitson Human Rights Watch, citant Asmae Moussaoui, épouse de Taoufik Bouachrine, précise que «les gardiens ont pour instruction de ne pas lui adresser la parole». «Sa cellule est déverrouillée une partie de la journée, ce qui lui donne accès à un espace supplémentaire, mais toujours vide. Il a droit à deux heures de promenade par jour dans une cour de la prison, mais toujours seul», poursuit l'ONG. Celle-ci rappelle que le 29 mars 2019, la Délégation interministérielle aux droits de l'homme (DIDH) a répondu à sa question sur l'isolement de Bouachrine. L'organe officiel a «énuméré les privilèges carcéraux» du journaliste marocain. La DIDH a expliqué que Bouachrine «avait demandé de se mélanger aux autres prisonniers, mais lorsqu'on lui a demandé de rassembler ses affaires et de rejoindre une cellule collective, il a refusé et préféré rester dans sa cellule». Pour HRW, «le fait qu'il ait choisi de rester dans une cellule individuelle, même si on lui a proposé un autre choix, n'explique ni ne justifie un régime empêchant les gardiens et les autres prisonniers de parler à Bouachrine».