De nombreuses menaces pèsent sur la sécurité hydrique dans les pays arabes, notamment la dégradation de l'environnement, les changements climatiques, la croissance démographique et l'urbanisation rapide. La région arabe est particulièrement en proie au stress hydrique, et le Maroc n'est pas épargné. Présenté mardi 19 mars au Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, au palais des Nations, à Genève, l'édition 2019 du «rapport mondial des Nations unies sur la mise en valeur des ressources en eau» s'inquiète des menaces qui pèsent sur la sécurité hydrique, notamment la dégradation de l'environnement, les changements climatiques, la croissance démographique et l'urbanisation rapide. Autant de facteurs qui, s'ils ne sont pas circonscrits, intensifieront la pénurie d'eau et le stress hydrique, c'est-à-dire lorsque la demande en eau dépasse les ressources disponibles. A l'échelle mondiale, la région arabe est la plus touchée par le stress hydrique, souligne le rapport onusien. «Les ressources renouvelables totales du monde en eau s'élèvent à une moyenne de 7 453 m3 par an et par habitant, tandis qu'elles s'élèvent seulement à 736 m3 par habitant et par an dans la région arabe, selon les dernières données disponibles d'AQUASTAT», détaille-t-il. Pour précision, AQUASTAT est le système d'information sur l'eau de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), qui fournit des statistiques mondiales sur l'eau. Les changements climatiques et la croissance démographique, notamment, «ont contribué à l'appauvrissement des nappes phréatiques, à la perte de terres arables pour la production agricole, et au déplacement de personnes lorsque les ressources en eau étaient insuffisantes pour permettre la santé, le bien-être et les moyens de subsistance», ajoute le rapport. Une réalité qui se traduit également en chiffres : en 2015, dans l'ensemble de la région arabe, 51 millions de personnes (9% de la population totale) n'avaient pas accès à des services élémentaires d'eau potable, et 73% d'entre eux vivaient en milieu rural. Les grandes villes du Maroc ont soif Au Maroc, précise le rapport, l'accès aux services élémentaires d'eau en milieu urbain atteint 96%, contre seulement 65% dans les zones rurales du pays. En avril 2018, le World Resources Institute (WRI), think tank américain spécialisé dans les questions environnementales, dressait le même constat sur le stress hydrique dans le royaume, précisant que ce dernier avait une notation de 4,2 en termes de stress hydrique, le niveau maximum étant de 5. Le déclin le plus frappant enregistré par WRI est celui du barrage Al Massira, dans la province de Settat. Ce dernier est le deuxième plus grand réservoir au Maroc. En trois ans, sa teneur a diminué de plus de 60%. Une situation qui s'explique certes par la relative sécheresse recensée ces dernières années, mais aussi par les problèmes d'irrigation et la soif croissante des villes voisines, en particulier Casablanca. En 2016, année de la pire sécheresse vécue par le pays ces dernières années, a quasiment vidé le barrage, affectant directement l'économie marocaine. La production de céréales a diminué de moitié et plus de 700 000 personnes ont été touchées, selon les calculs de WRI. Le think tank prévoyait également que la demande d'eau dans les régions urbaines augmente, passant de 60 à 100% dans la plupart des grandes villes du Maroc à l'horizon 2050.