La superficie du barrage d'Al Massira, deuxième plus grand réservoir du Maroc, a diminué de plus de 60% au cours des trois dernières années, déplore une étude du think tank américain World Resources Institute (WRI). Selon l'étude, la dernière fois qu'Al Massira se trouvait à ce niveau, c'était entre 2005 et 2008, lorsque plus de 700 000 Marocains ont été touchés par la sécheresse et que la production céréalière a chuté de 50%. « Le Maroc souffre de sécheresses récurrentes. En 2016, le pays a été frappé par la pire sécheresse en trois décennies, suivie par des pluies tardives et insuffisantes en 2017 . Les précipitations récentes ont amélioré la situation, mais le Maroc pourrait encore faire face à des pénuries d'eau au cours des prochains mois d'été », alerte le think thank. Prises entre 2015 et 2018, les images satellitaires en accéléré ci-dessous montrent l'ampleur de la réduction de la superficie du barrage qui se trouve dans la province de Settat. https://www.youtube.com/watch?v=7cdI1P6AufI Pourtant, Al Massira fournit de l'eau au secteur agricole dans la région de Doukkala, ainsi qu'à de nombreuses villes, dont Casablanca, souligne World Resources Institute. « Alors que les niveaux du réservoir continuent à diminuer, la demande en eau continue d'augmenter. En plus de la demande croissante en eau urbaine et de l'expansion de l'agriculture irriguée, la ville de Marrakech prévoit de puiser dans l'eau d'Al Massira grâce à un important projet de transfert d'eau financé par la Banque africaine de développement. Le projet devrait être pleinement opérationnel cette année », fait savoir l'étude.
Si les auteurs de l'étude ignorent les effets directs du rétrécissement de la superficie du barrage, ils affirment toutefois que le stress hydrique risque de doubler d'ici 2050. « On s'attend à ce que le changement climatique diminue l'approvisionnement en eau tandis que la demande augmente, entraînant une augmentation du stress hydrique », peut-on lire sur le document. La demande en eau devrait quant à elle augmenter de 60 à 100% dans la plupart des grandes villes du Royaume. D'ici là, l'étude assure que les agriculteurs, les villes et les industries, auront besoin de ressources en eau suffisantes pour survivre. « La loi marocaine sur l' eau 36-15 donne la priorité absolue aux utilisateurs d'eau domestiques et industriels, ce qui, dans une période de crise hydrique, pourrait gravement menacer l'accès du secteur agricole à l'eau, perturbant ainsi les revenus ruraux et les moyens de subsistance », avisent le World Resources Institute. « Le Maroc aura besoin d'institutions fortes de gestion de l'eau et de filets de sécurité sociale adéquats pour aider les agriculteurs à traverser les périodes de sécheresse intense et prolongée », conclut l'étude.