Quinze ans, jour pour jour, après l'attentat le plus meurtrier que l'Espagne ait connu, c'est une deuxième bombe qui vient d'être lâchée, avec les des enregistrements de hauts responsables espagnols incriminant directement le Maroc et la France. Des révélations qui divisent la classe politique espagnole. Le site Moncloa révélait ce dimanche, soit la veille des commémorations des attentats du 11 mars à Madrid, un enregistrement dans lesquelles de hauts responsables espagnols incriminent directement le Maroc et la France. L'enregistrement date du mois de décembre 2009, on y entend l'ex-commissaire José Villajero, qui défend depuis le début de cette affaire l'hypothèse selon laquelle les services secrets marocains seraient derrière les attentats. Autour d'une table, l'ex-commissaire, aujourd'hui en détention préventive affirmait que «les Marocains et les Français ont été sans aucun doute» derrière les attentats, rapporte le site El Espanol. «Cela ne fait aucun doute, ils étaient derrière les attentats» Celui qui surenchérit n'est autre que le commissaire José Luis Olivera, qui à l'époque dirigeait l'Unité de délinquance économique (UDEF) et qui sera nommé par la suite directeur du Centre de renseignement sur la lutte contre le terrorisme et le crime organisé (CITCO). Il est interrompu par Juan Antonio González, numéro deux de la police espagnole à l'époque, pour qui lui aussi cela ne fait aucun doute : «ils étaient derrière» les attentats du 11M. Plus loin, José Villajero affirme devant les deux hommes en plus Eloy Quirós, directeur à l'Unité de drogue et du crime organisé (UDYCO) et actuel commissaire général de la Police judiciaire, qu'il «n'a aucun doute sur le fait que les services secrets marocains ont été impliqués et que les Français leur ont apporté un soutien logistique». Une hypothèse que défend depuis des années maintenant cet ex-commissaire, inculpé par ailleurs suite à la vaste affaire de corruption, mêlant le roi émérite Juan Carlos. Après les attentats, l'ex-commissaire avait voyagé plusieurs fois en Syrie, afin de retracer les appels qui auraient servi à activer la cellule terroriste qui a perpétré les attentats. Depuis, l'ex-commissaire dit détenir la vérité et estime que l'affaire est «close à tord». Division gouvernementale face aux révélations L'enregistrement n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Le ministre espagnol de l'Intérieur, Fernando Grande-Marlaska a déclaré que l'on sait «substantiellement toute la vérité», sur les attentats de Madrid. Et d'ajouter qu'«il ne faut pas donner plus d'importance à une telle personne», qui ne serait selon le ministre qu'un «conspirateur», rapporte l'agence de presse Europa Press. Bien que le ministre confie ne pas avoir écouter les enregistrements, il affirme que «l'enquête de la police nationale a été absolument professionnelle et sérieuse». Néanmoins, il semble que cette certitude ne soit pas partagée par toute la classe politique espagnole. C'est le cas de Pablo Casado, président du Partido Populaire (PP) de la droite espagnole, qui a demandé à ce que les documents soit déclassifiés afin que la «la vérité soit entendue, s'il y a quelqu'un qui la cache», rapporte la chaîne de télévision La Sexta. Une sollicitation également faite par la présidente de l'Association des victimes du terrorisme (AVT), Maite Araluce, qui a affirmé que l'affaire «est toujours ouverte», rapporte pour sa part le site 20 minutos. L'autre parti à s'être prononcé n'est autre que le parti d'extrême droite, Vox. Son président Santiago Abascal a même déclaré qu'il s'engageait à mener jusqu'au bout cette recherche de la vérité s'il parvient à gouverner.