Une nouvelle fois, le bilan du Maroc en matière de respect des droits humain est pointé du doigt par l'ONU. Comme en 2017, le royaume figure sur «la liste noire» des Etats commettant le plus d'abus dans le monde. Le texte cite les cas de deux sahraouis et d'un Syrien. Du 10 au 28 septembre, le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU tient sa 39e session à Genève. A cette occasion, les services d'Antonio Guterres ont rendu public un rapport du secrétaire général sur «le programme de coopération avec les Nations unies, ses représentants et ses mécanismes relatifs aux droits de l'Homme». Concernant le Maroc, le Portugais a pointé les cas de deux sahraouis et d'un ressortissant syrien. Sur la base du travail accompli par le Comité onusien contre la torture, composé de dix experts indépendants, Guterres a soulevé les mauvaises conditions d'incarcération de Naâma Asfari, condamné à 30 ans de prison au terme du procès de Gdim Izik. Placé en isolement du 13 février au 13 mars 2018, le détenu est privé des visites de son épouse, Claude Mangin. A quatre reprises, la Française a été interdite d'entrée au territoire marocain. Le Comité a conclu que dans le cas Asfari, le royaume est «responsable de la violation» de certains articles de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, signée en 1984 et entrée en vigueur en 1987. L'affaire El Ghalia Djimi Le secrétaire général est revenu à évoquer les «allégations de représailles» annoncées par la sahraouie El Ghalia Djimi, une fonctionnaire du ministère de l'Agriculture et de la pêche, membre de l'Association sahraouie des victimes des violations graves des droits de l'Homme commises par l'Etat marocain (ASVDH, reconnue depuis 2015 par l'Etat marocain). Guterres rappelle que la dame avait été empêchée en 2017 de quitter le Maroc pour prendre part aux travaux de la 36e session du Conseil des droits de l'Homme de Genève. Le secrétaire général affirme, sur la base des observations de Michel Forst, rapporteur spécial sur la situation des défenseurs droits humains, que ce cas «est loin d'être isolé mais révélateur d'une large tendance de représailles, d'harcèlement et d'intimidation des défenseurs des droits de l'Homme» au Maroc. Si la page d'El Ghalia Djimi a été tournée, sachant qu'elle a pu assister, le 30 avril dernier, à une réunion à Genève, le Portugais se dit préoccupé par le cas d'une autre sahraouie : Mina Baali. Dans son dernier rapport sur le Sahara occidental, remis au Conseil de sécurité fin mars, le secrétaire général avait souligné dans le paragraphe 68 que «plusieurs groupes sahraouis de défense des droits de l'Homme ont continué à connaître des difficultés dans l'exercice de leurs activités ; en effet, ils n'étaient pas reconnus juridiquement, le Gouvernement marocain n'ayant pas donné suite à leurs demandes d'enregistrement». Le Syrien Alhaj Ali réclamé par l'Arabie saoudite Outre les sahraouis, Guterres a soulevé la détention d'un ressortissant syrien, Abdul Rahman Alhaj Ali, arrêté en octobre 2014 suite à un ordre lancé à son encontre par les autorités saoudiennes pour «abus de confiance». Celles-ci réclamaient son extradition. Une mesure à laquelle s'est vivement opposé le Comité contre la torture, arguant qu'elle aurait constitué une «violation» de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Le 22 août 2016, le Comité recommandait aux autorités marocaines d'annuler la procédure d'extradition et de libérer Alhaj Ali, d'autant que le Syrien est enregistré comme réfugié auprès du Haut Commissariat aux Réfugiés. Il a également déposé une demande d'asile au Maroc. Trois ans après son arrestation, Alhaj a retrouvé la liberté le 16 mai 2018 et pris ensuite la destination des Pays-Bas où sa famille résidait. Par ailleurs, Andrew Gilmour, l'adjoint du secrétaire général de l'ONU chargé des questions des droits de l'Homme, a établi une «liste noire» des pays considérés les plus abusifs au monde. Comme en 2017, le Maroc y figure.