Alors qu'il avait annoncé en grande pompe l'arrestation, l'année dernière, de 19 Marocains originaires du Sahara, le Front Polisario est embarrassé par l'évasion de ces détenus la semaine dernière. Ils avaient été condamnés pour trafic de drogue à des peines allant de 15 à 16 ans. Les camps de Tindouf, au sud de l'Algérie, sont secoués depuis la semaine dernière, par un nouveau scandale. Un groupe de «trafiquants de drogue», composé de 19 Sahraouis marocains, s'est échappé de prison, sous les yeux des éléments de l'«armée sahraouie», a rapporté dimanche le média pro-Polisario, Futuro Sahara. Mais alors que l'information a été boudée par l'agence officielle du Front Polisario, le média proche de l'«ex-ministre de la Défense», Mohamed Lamine Ould Bouhali a rapporté dimanche que l'affaire porte atteinte à la réputation de l'«armée de libération sahraouie». Le média a appelé à «punir les responsables de ce scandale», pointant du doigt la «dissidence qui a proliféré dans les rangs de l''Etat sahraoui'». «Le peuple sahraoui appelle à ce que l'arrestation de ces trafiquants ne fasse pas de l'ombre sur la nécessité de déterminer les parties impliquées dans cette évasion, face à la montée du trafic de drogue et des groupuscules terroristes», poursuit-il. Une évasion qui embarrasse le Front séparatiste Le média estime que «le ministère de la Défense ayant annoncé en grande pompe l'arrestation de 19 Marocains est appelé à fournir plus d'explication sur ce qui s'est passé près de Tifariti, dans la Deuxième zone militaire». Vendredi, le même média a rapporté que 19 Marocains originaires des provinces du sud, arrêtés en juillet 2017 par le Front Polisario, se sont échappés d'une prison située à Tifariti. Une évasion hollywoodienne, «orchestrée par les barons du trafic de la drogue, soutenus par les renseignements marocains dans la ville mauritanienne de Nouadhibou», accuse le média pro-Polisario. D'importantes sommes d'argent auraient été déployées pour soudoyer les militaires du Polisario, aux postes de gardiens dans la prison du Front. «Cela démontre l'influence des barons de la drogue des deux côtés du mur des Sables au moment où les familles craignent que leurs fils reprennent leurs activités de trafic de drogue», conclut-il. Les 19 Marocains d'origine sahraouie arrêtés en juillet 2017. / Ph. DR Futuro Sahara, qui prétend avoir alerté les «autorités sahraouies» d'une éventuelle tentative d'évasion desdits prisonniers, revient à la charge dimanche, affirmant que cette évasion a été confirmée par le «ministre de la Défense» sahraoui, sans pour autant rentrer dans les détails. Le média ne manque pas de pointer du doigt le silence des dirigeants du camps de Rabouni, alors que le Front Polisario avait déployé de gros moyens pour médiatiser l'arrestation des 19 Marocains accusés de trafic de drogue. Une arrestation annoncée en fanfare En effet, l'année dernière, le Polisario avait annoncé un coup de filet dans les milieux du trafic de drogue avec clairons et trompettes. Dans un communiqué repris par les médias du mouvement séparatiste, «le ministère de la Défense» du Front avait confirmé avoir arrêté un groupe de 19 citoyens marocains à Gueltat Zemmour (Est du mur de Sable), au sud-ouest de Tindouf. Le communiqué indiquait que «dimanche, vers 19h30 dans la zone Aghchan Lbyad près de Gueltat Zemmour, une unité de l'Armée populaire de libération sahraouie a réussi à arrêter un groupe de trafiquants de drogue composé de 19 citoyens marocains chargés de transporter la drogue à l'Est du mur de l''occupation marocaine'». Une voiture utilisée pour le trafic de drogue avait été confisquée tandis qu'une autre avait réussi à dépasser «les frontières sahraouies» et prendre la fuite. Marocains arrêtés à Tindouf : L'analyse de Mustapha Salma Ould Sidi Mouloud «Le gouvernement sahraoui condamne ces actes graves et répétés de l''occupation marocaine' dans le cadre de sa politique malveillante faisant appel à l'utilisation et au trafic de poisons et de drogues, et son lien étroit avec des organisations criminelles et des groupes terroristes», écrivait le Front. L'arrestation des 19 trafiquants, à laquelle le Front avait tenté d'impliquer tantôt la MINURSO, tantôt Interpol, était tombée à point nommé pour le Front, qui vivait des dissensions internes violentes sur fond de contrôle de la contrebande et du trafic de drogue. Une guerre sans merci livrée entre des gangs armés proches de Brahim Ghali et ceux fidèles à son adversaire, Mohamed Lamine Ould Bouhali.