Alors que l'histoire des saisonnières marocaines ayant déposé plainte pour abus ou agressions sexuelles présumées fait la Une des médias espagnols depuis au moins deux semaines, l'affaire ne date pas d'aujourd'hui. En 2010, El Pais rapportait les témoignages de marocaines sur des agressions sexuelles présumées à Huelva. «L'exploitation sexuelle des étrangères travaillant dans la cueillette des fraises est un secret de polichinelle». C'est avec cette expression qu'El Pais débutait son enquête sur les agressions sexuelles présumées de saisonnières étrangères en Espagne, essentiellement marocaines. Une enquête qui date de…juin 2010. On y raconte notamment comment les employeurs effectuent des «visites nocturnes» aux maisons préfabriquées pour héberger les saisonnières, «situées milieu du champ et perdues entre les serres de fraises, à quelques kilomètres de la ville la plus proche». «Ils soulevèrent les draps et regardèrent les corps des femmes nues sur les lits puis se rendent dans la salle de bain. Si quelqu'un prenait une douche, ils la forcent à continuer devant eux», rapporte l'enquête signée par Lidia Jimenez et Jerónimo Andreu. Des plaintes déposées en 2009 Les deux journalistes rappellent que «deux plaintes d'abus sexuels contre cinq employeurs espagnols» avaient été présentées par huit femmes marocaines âgées de 18 à 30 ans. Des plaintes qui seraient, en 2010, «toujours devant les tribunaux de Huelva». «Jusqu'à présent, les travailleurs de la fraise (principalement des Marocaines, des Roumaines et des Polonaises) qui collectent chaque année 250 000 tonnes de fruits n'ont jamais élevé la voix contre les hommes d'affaires et les dirigeants», estiment les rédacteurs de l'enquête. «''Ou tu es bonne avec moi, ou tu ne reviens pas l'année prochaine''. C'est ce que les accusés, de Palos de la Frontera et de Moguer, auraient murmuré à l'oreille de leurs victimes.Les femmes ont subi le harcèlement en échange de ne pas être renvoyées.» El Pais indique que la première plainte date de 2009 lorsque quatre saisonnières déposaient plainte contre le propriétaire de la ferme où elles travaillaient, son fils et un autre gérant, âgés entre 30 et 55 ans. «Si elles ne se comportaient pas comme ils le voulaient, il leur était interdit d'aller aux toilettes et de boire de l'eau à 40 degrés au soleil», rapporte le journal espagnol. Pour rappel, l'affaire de nouvelles agressions sexuelles présumées, abus et conditions de travail ne répondant pas aux contrats de travail des saisonnières marocaines travaillant à Huelva a refait surface grâce à une enquête réalisée par Buzz Feed News et Correctiv. L'information, démentie à deux reprises par le ministère du Travail et de l'insertion professionnelle a fini par être confirmée par le ministre lui-même qui promet de mettre en place du suivi et de l'accompagnement pour ces femmes marocaines travaillant en Espagne.