Des agressions sexuelles des journalières marocaines dans les exploitations agricoles espagnoles de Huelva sont de nouveau racontées, des photos et des noms à l'appui, par le site d'information espagnol El Español. Le site d'information espagnol El Español a publié, ce samedi 19 mai 2018, un article dénonçant l'esclavage et les agressions sexuels dont sont victimes des travailleuses saisonnières marocaines dans la province Andalouse de Huelva. Des dizaines de femmes marocaines ont raconté les situations de chantage dont elles sont victimes: si elle n'acceptent pas d'avoir des relations sexuelles avec leur gérants, elles seront licenciées et interdites à travailler ailleurs. Ainsi, presque personne ne se plaint par peur du licenciement. Ces femmes se sont transformées de simples journalières en esclaves sexuels, précise le quotidien. Le papier dresse les témoignages de 8 femmes marocaines qui dénoncent les agressions physiques, les mariages forcés et les abus sexuels dans les exploitations agricoles espagnoles. « Ils savent que nous sommes pauvres, que nous avons des enfants, que beaucoup d'entre nous sont divorcées ou veuves. Ils nous menacent d'expulsion du travail si nous ne nous livrons pas à leurs désirs sexuels. Dans les fermes, ils nous touchent, nous frappent, nous insultent… » dit Habiba, 37 ans, divorcée et mère de quatre enfants. « Dans les chambres, ils nous obligent à coucher avec eux, de céder et de nous taire au risque de nous jeter dehors. Ils nous amènent du Maroc pour que nous soyons leurs esclaves sexuelles », poursuit-elle. Des entreprises espagnole ne recherchent que des femmes vulnérables aux ressources limitées, à la formation insuffisante et avec des responsabilités familiales, souligne l'article. L'enquête révèle également que le nombre de demandes d'interruption volontaire de grossesse pendant la saison de récolte de fraises monte en flèche dans des communes de la province de Huelva, telles que Palos de la Frontera ou Moguer. Selon le magazine allemand Correctiv, qui avait publié un papier pour dénoncer la situation des femmes marocaines dans les fermes de Huelva, grâce aux données fournies par un travailleur social dans un centre de santé, 185 avortements ont été enregistrés dans les deux populations en 2016. 90% ont été demandés par des femmes étrangères. L'ONG ASNUCI (Association des nouveaux citoyens pour l'interculturalité) a accepté à elle seule de participer à cette enquête. Contacté par El Español, le coordinateur du projet de l'ASNUCI, Antonio Abad, a déclaré qu'un système pervers pour les femmes a été créé dans cette région. Elles doivent soit avoir des rapports sexuels avec leurs employeurs ou être licenciées. « C'est connu ici, on l'entend, mais personne ne le dénonce par peur. C'est une vérité cachée parmi ces fermes. Bien sûr, il y a des entreprises qui les traitent comme il devrait, mais vous ne pouvez pas détourner le regard de ce drame « , a indiqué Abad. Aucune association ou ONG contactée, qui travaille sur le terrain dans la défense des conditions de travail des journalières, n'a voulu exprimer son opinion sur la problématique soulevée, a affirmé le site d'information espagnol. A la suite de l'article de Correctiv, l'ASAJA, l'UPA, l'UGT et la CCOO et d'autres organisations ont rendu publique mardi dernier une déclaration commune dans laquelle elles ont indiqué qu'il n'y a pas de dossier de plaintes de ces agressions et qu'elles ne peuvent pas accepter de généraliser ces pratiques sur l'ensemble du secteur causant ainsi des dommages aux employeurs et aux employés.
« Aucun cas » constaté par le ministère de l'Emploi marocain A en croire le ministère de l'Emploi et de l'insertion professionnelle, aucune violation à l'égard des ouvrières marocaines travaillant dans les exploitations agricoles espagnoles (secteur de cueillette des fruits rouges) n'a été enregistrée, contrairement à ce qui a été révélé par des enquêtes précédentes diffusées par des médias et des sites électroniques. Un communiqué du ministère a été diffusé, ce vendredi 18 mai, indique qu'une délégation maroco-espagnole s'est rendue les 10 et 11 mai derniers à Huelva, dans le sud-ouest de l'Espagne, pour « s'enquérir des conditions de travail et de séjour » des travailleuses saisonnières marocaines. Ainsi, lors d'une visite de prospection de trois entreprises pionnières dans la filière des fruits rouges et de la fraise, "aucun cas spécifique d'abus ou de violation à l'encontre des ouvrières marocaines n'a été constaté, ni à l'égard de leurs collègues dans les autres exploitations", relève le communiqué, ajoutant qu'aucune plainte n'a été enregistrée auprès des autorités espagnoles.