Ce dimanche, le Polisario et l'Algérie ont offert au Maroc de nouveaux arguments appuyant son refus de reprendre le fil des négociations. Une fuite en avant qui décrédibilise également les Nations unies en tant que médiatrice dans le conflit. Le Polisario persiste et signe. Après avoir organisé, dimanche 20 mai, des défilés militaires à Tifariti, à l'occasion du 45e anniversaire du lancement de son action armé, la localité a accueilli le même jour une session de son «parlement» sous le regard passif des éléments de la MINURSO. En chœur, les médias du Front jubilent à la tenue des deux événements dans le «territoire libéré» de Tifariti, seulement trois semaines après l'adoption, le 27 avril, par le Conseil de sécurité de la résolution 2414 par 10 voix pour et trois abstention. De son côté, la presse algériene a été invitée a décocher des flèches en direction du Maroc. En témoigne les passages publiés par l'APS des articles parus ce lundi au Quotidien d'Oran, Le Soir d'Algérie, El Watan, El Moujahid, El Khabar et l'Expression. Le processus de négociation mal-en-point Paradoxalement, cette euphorie constatée dans les camps de Tindouf et à Alger profite au Maroc. Elle lui apporte en effet de nouveaux arguments pour appuyer son refus de reprendre le fil des discussions, coupé depuis mars 2012. Les événements du 20 mai à Tifariti décrédibilise également l'action de l'organisation des Nations unies en tant que force médiatrice dans le différend territorial. Il semble difficile pour Antonio Guterres d'imposer de nouveau son «autorité» alors que son appel à la «retenue» a été complétement ignoré par le Polisario. Dans ce contexte, la «disposition», exprimée dimanche depuis Tifariti par Brahim Ghali, de son mouvement «d'entrer dans des négociations directe avec le Maroc avec bonne foie et sans préalable», est en déphasage avec la réalité du terrain. Les défilés militaires et la session de son «parlement», tenues dimanche 20 mai à Tifariti, torpillent par ailleurs les efforts de Horst Köhler, menés depuis des mois, en vue de convaincre l'Union européenne et d'autres forces sur la scène internationale d'accepter d'exercer des pressions sur le royaume afin qu'il accepte de négocier directement avec le Front.