La mafia marocaine, connue sous le nom de Mocro Maffia, est réputée pour être l'une des bandes organisées les plus violentes des Pays-Bas. Elle s'est accaparée la ville d'Amsterdam, en recrutant de force de jeunes marocains qui deviennent alors victimes et coupables malgré eux. Aux Pays-Bas, malgré les coffee shops et une législation plutôt souple en matière de consommation et de commercialisation de drogues, le pays souffre d'une «guerre souterraine de narco-trafiquants». Il y a tout juste deux jours, le quotidien El País l'a encore rappelé. En effet, des réseaux criminels contrôlent dans le pays un business estimé à plus de 2 milliards d'euros en 2008. Organisés en véritable mafia, ils recrutent de jeunes délinquants pour «faire le sale boulot». Des tueurs à gage âgés de 16 ans à peine, qui encaissent facilement 5 000 euros par meurtre. Ils écoperont d'une «petite» peine, puis leurs «parrains» leur promettront «voitures de luxe, vacances et demeures de haut standing dès leur sortie de prison». Une source policière à Amsterdam affirme que la plupart de ces jeunes sont néerlandais, d'origine antillaise, turque, albanaise ou marocaine. Pour Ahmed Marcouch, ex-député socio-démocrate, «malgré la diversité, les plus visibles semblent être d'origine marocaine». Né au Maroc, cet homme politique a également été policier aux Pays-Bas. Il considère qu'il faudrait établir une approche différente pour pallier ce problème : «Pour les combattre, nous avons besoin d'une police avec une plus grande diversité ethnique, qui comprendrait leur langue et parviendrait à gagner leur confiance. Cependant, le corps de la police locale est majoritairement blanc.» Par conséquent, un sentiment de dépassement règne au sein des forces de l'ordre ; «mis à part le crime organisé, les règlements de comptes se font en plein jour». Dans leurs voitures, ces tueurs à gage non expérimentés visent par kalashnikov des innocents, qui sont blessés et parfois même éliminés. Les familles sont dépassées, la police aussi Jan Struijs, président du syndicat de police, affirme que le sujet a toujours été tabou. Dans un rapport qu'il a présenté au gouvernement, il appelle à un renforcement de 2 000 agents pour lutter contre le crime organisé. Le rapport a été réalisé sur la base d'un sondage auprès de 400 représentants des forces de l'ordre. Jan Struijs affirme que «le pays rassemble toutes les caractéristique d'un narco-Etat». Ces jeunes «viennent habituellement de familles brisées, et leurs idoles sont des types au volant d'une voiture qui prétendent prendre soin d'eux, en leur assurant qu'ils auront de l'argent et un statut», ajoute-t-il. Cette idée est également défendue par le rappeur Safoan Mokhtari, d'origine marocaine et qui dit s'en être sorti grâce au soutien de sa famille. «Le contrôle social et le respect des parents sont morts», affirme Mokhtari, qui compare le climat social à celui du Far West. Désormais, l'artiste travaille en tant qu'assistant social, afin d'accompagner ces jeunes d'origine marocaine et qui sont dans le flou total. La police néerlandaise est actuellement en train d'enquêter sur un autre meurtre, celui de Nabil B., frère de Reduan B., lui-même mystérieusement tué fin mars sur son lieu de travail. Avant sa liquidation, le premier avait passé un accord avec la police pour fournir des informations-clés sur la «Mocro Maffia», la mafia marocaine. Depuis, toute la famille a été placée sous protection policière.