La protestation contre les prospections pétrolières accordées par le Maroc à la compagnie ENI unit différents tendances politiques en Europe, de l'extrême gauche à la droite. Plusieurs eurodéputés se sont saisis du dossier des prospections pétrolières autorisées par le royaume dans ses eaux nationales, faisant face aux Iles Canaries. Florent Marcellesi du parti Equo a très vite pris la tête des protestations. Sur son compte Twitter, il demande à l'Union européenne de «se ranger du côté du droit international». «Le Maroc recoure au chantage sur l'immigration et le terrorisme chaque fois que des thèmes comme les prospections ou le Sahara occidental sont abordés. Le gouvernement espagnol doit être vaillant et ne pas engager des négociations sur ces sujets.» Plus mesuré, l'eurodéputé Gabriel Mato du groupe populaire plaide pour la «sagesse», arguant que le Maroc est un «partenaire prioritaire» pour l'UE, rapporte Cadena Ser. Il appelle d'ailleurs à «ne pas prendre de décisions à la légère». Une voie que ne partage pas le sénateur du Partido popular pour Lanzarote, Joel Delgado. Il propose d'intégrer Lanzarote et Fuerteventura dans la liste arrêtée par la Commission européenne des Sites d'importance communautaire (SIC). «C'est un outil à la disposition de l'exécutif espagnol dans les négociation avec le Maroc en vue de garantir la protection de nos eaux». Le sénateur fait référence à la directive 92/43/CEE du conseil du 21 mai 1992 portant sur la conservation des habitats naturels, la faune et la flore sauvage. Deux poids deux mesures Pourtant, la droite espagnole avait omis de soulever le recours à la protection du SIC lorsque les gouvernements Aznar (2001) et Rajoy (2012) avaient autorisé la société Repsol à effectuer des prospections off-shore au large des Iles Canaries, plus précisément au niveau du plateau continental en face du Maroc. Cette agitation en Espagne, jusqu'au Parlement européen au sujet des prospections marocaines n'a pas encore affecté l'exécutif à Madrid. Le ministre des Affaires étrangères, Alfonso Dastis, n'a pour le moment fait aucune déclaration à ce propos. Il n'a d'ailleurs toujours pas répondu à la requête du président des Iles Canaries, Fernando Clavijo, qui réclame une audience. Ce dossier sensible devrait être au cœur de la réunion entre Clavijo et Rajoy prévue entre fin janvier et début février. En attendant ce rendez-vous, le président de la région autonome s'est offert les services d'un cabinet d'avocats expert en droit international. L'objectif déclaré étant de contraindre le Maroc à renoncer à ses prospections pétrolières.