Visiblement, l'heure n'est plus au dialogue entre le pouvoir et Al Adl wal Ihsane. Le Cercle politique de la Jamaâ a dressé un réquisitoire contre les actions du roi Mohammed VI durant l'année 2017. Les islamistes d'AWI n'ont pas fait dans la dentelle. Détails. Al Adl wal Ihsane hausse le ton contre la monarchie. Le rapport annuel du Cercle politique de la Jamaâ constate d'emblée que «le roi est un pouvoir absolu au-dessus des pouvoirs». Le ton est donné. Les «Adlistes» soulignent que «le roi a conservé au cours de cette année le monopole et la maîtrise de l'acte politique par le biais de plusieurs leviers», aussi bien à l'intérieur qu'à l'étranger. Ils citent l'exemple des discours royaux qui critiquent «l'administration publique et la classe politique, comme si le roi était un opposant et non pas le premier responsable des politiques publiques». Le document d'AWI, qui ne fait pas dans la dentelle, affirme que la teneur des allocutions royales équivaut à un aveu d'échec. «Un échec des dénommées réformes constitutionnelles et un échec des partis, de l'administration, des initiatives de développement et des approches sociétales.» Al Adl wal Ihsane justifie le ton direct La religion concentre une partie des griefs des islamistes d'Al Adl wal Ihsane. Ils pointent le «monopole du régime du champ religieux» grâce aux leviers de la «commanderie des croyants» et de «l'islam [en tant que] religion d'Etat», un principe annoncé dans la constitution. Dans la même veine, le rapport dénonce «l'instrumentalisation des mosquées pour la promotion de politiques de l'Etat». Et de rappeler à cet effet le prêche prononcé vendredi 26 mai dernier à Al Hoceima, à l'origine de l'intervention de Nasser Zefzafi puis de son arrestation. «Ce langage direct n'est pas une surprise. Nous avons adopté par le passé le même ton et la même analyse. Sauf que les différentes interventions du roi au cours de cette année sont à l'origine de la multiplication des passages consacrés au monarque», explique Hassan Bennajeh, membre du Cercle politique, à Yabiladi. Quant à la prochaine étape après la publication de ce rapport, Hassan Bennajeh formule le vœu du lancement d'une «mobilisation des forces populaires contre la prévarication. Tous les courants politiques et toutes les sensibilités doivent s'inscrire dans cette démarche». Par ce document, Al Adl wal Ihsane entretient une nouvelle fois l'idée qu'elle est la première force d'opposition non pas au gouvernement, mais vis-à-vis de la monarchie.