Officiellement, elle reste non-reconnue par l'Etat marocain. Et pourtant Al Adl Wal Ihsane est un acteur politique sollicité de toute part, grâce surtout à sa force numérique. Benkirane a compris l'enjeu électoral et souhaite sa participation au jeu politique. Pour le moment, AWI reste ouverte au dialogue en ne privilégiant aucun prétendant. Un an et cinq mois après le décès de son fondateur, Abdessalam Yassine, Al Adl Wal Ihsane est, plus que jamais, courtisée par les différentes forces politiques, de l'extrême gauche aux islamistes du PJD et même l'Istiqlal. Toutes souhaitent une forte adhésion des disciples des «adlistes» à leurs projets. Durant la semaine dernière, la Jamaâ était presque partout. Le jeudi 10 avril à Rabat, Hassan Bennajeh, membre du secrétariat général du Cercle politique d'AWI, connu pour être très proche du n°2, Fathallah Arasalane, a pris part à une réunion sur un vieux projet que ne cessent de caresser les laïcs de gauche sur la conclusion d'une alliance avec les islamistes d'AWI. Le jour même, mais cette fois à Casablanca, l'aile estudiantine d'Al Adl Wal Ihsane organise, à la faculté des lettres de Ben Msik, une conférence sur le thème : «Les jeunes du Maroc et le changement». Celle-ci a connu la participation d'un membre de la commission administrative de l'USFP, un représentant de la jeunesse du PJD et un autre du CNI (Congrès national ittihadi, une petite formation totalement affidé à Noubir Amaoui, le patron de la CDT). Le samedi 13 février à Casablanca, un membre d'Al Adl Wal Ihsane, Hicham Chouladi, était l'invité d'un forum politique organisé par la jeunesse du PJD. A sa manière Benkirane invite Al Adl Wal Ihsane De son côté, le chef de gouvernement Benkirane par crainte de voir les «adlistes» succomber à la tentation de flirter avec les forces d'obédience marxistes-léninistes est intervenu, le samedi 13 avril à Bouznika lors d'une rencontre des ingénieurs du PJD, pour adresser, d'une manière un peu gauche, une invitation aux disciples de Abbadi d'entrer dans le jeu politique et d'accepter ses règles, estimant que «la démocratie n'attend personne». Les propos du PJDiste n'ont pas plu au n°2 de la Jamaâ. Dans des déclarations à la presse, Fathallah Arsalane a réitéré le refus de son mouvement de servir de décor. En dépit de ce petit incident de circonstance qui alimente davantage les spéculations sur des "divergences" entre les islamistes d'AWI et ceux du parti de la Lampe, il est clair que la direction de la Jamaâ ne souhaite pas fragiliser Benkirane devant ses opposants des autres partis ou au sein de l'entourage royal. Preuve en est son refus de prendre part à la marche du 6 avril à Casablanca même si elle compte une forte présence à la CDT. AWI sait se faire désirer.