Après le PJD, les conservateurs américains portent désormais un intérêt particulier pour Al Adl wal Ihsane. Un centre de recherche met en garde contre la marginalisation d'AWI et prône un dialogue entre le Palais et l'association interdite mais tolérée. Le centre de recherché Washington Institute for Near East Policy, proche du parti Républicain et des milieux juifs américains, a publié un rapport consacré essentiellement à Al Adl wal Ihsane. Son auteur, Vish Sakthivel, conseille à l'administration américaine d'encourager le dialogue entre le Palais et AWI dans la perspective d'une participation dans le jeu politique. Les conclusions de WINEP sont d'ailleurs prises très au sérieux par les décideurs aux Etats-Unis. Mise en garde contre la marginalisation d'AWI Le document invite les deux parties à faire des concessions. Une allusion à la commanderie des croyants que les «Adlistes» refusent jusqu'à présent de reconnaitre. A cela s'ajoute leur position hostile, surtout du temps de cheikh Yassine, à la monarchie héréditaire. Malgré ces divergences, le rapport rappelle que par le passé l'ancien ministre des Affaires islamiques, Abdelkbir M'Daghri Alaoui avait tenté, au début des années 90, de négocier avec Abdeslam Yassine une issue à la crise entre le régime et AWI mais sans réel succès. Le maintien de la Jamaâ à l'écart n'est guère bénéfique pour le pouvoir marocain, met en garde le rapport. Et d'expliquer qu'à terme la poursuite de la politique d'austérité budgétaire menée par le gouvernement Benkirane devrait booster la popularité d'AWI, précisant que «les groupes islamistes tels qu'AWI gagnent en appui et en légitimité, et ce, en fournissant des services sociaux» à une population oubliée par les programmes suffisants de l'Etat. Une donne valable au Moyen-Orient et dans les autres pays du Maghreb. En revanche au Maroc, l'Etat essaie de veiller au grain en créant des garde-fous. Il avait ainsi mis en place, dès 1999, la fondation Mohammed V et en 2005, l'Initiative nationale pour le développement humain (INDH). Deux programmes destinés à porter assistance aux plus démunis, tout en occupant le terrain du social trop longtemps trusté par les groupes et associations islamistes. Les conservateurs américains misent sur les islamistes Le nouveau rapport du Washington Institute for Near East Policy atteste du grand intérêt qu'accordent les milieux conservateurs aux Etats-Unis à ces mouvements. Durant des années, les Républicains, par le biais de leur antenne à Rabat l'Institut républicain américain, avaient eu plusieurs contacts avec le PJD, alors qu'il était encore dans les rangs de l'opposition. L'ambassade de Washington à Rabat, du temps de Thomas Riley (décembre 2003-janvier 2009) accompagnait cet engouement par des réunions avec les membres influents à la Lampe. Une fois la phase du PJD terminée, les diplomates du pays de l'Oncle Sam installés à Rabat initiaient des discussions avec Al Adl wal Ihsane. Ainsi en septembre 2010, Fathallah Arsalane avait rencontré des représentants de l'ambassade. Depuis, les rendez-vous entre les deux parties sont relativement fréquents mais peu suivis par les médias marocains.