Six jours après le communiqué du ministère de la Justice évoquant le programme «Mossalaha» (réconciliation), la Délégation générale de l'administration pénitentiaire et de la réinsertion vient de dévoiler plus de détails sur cette initiative. Le programme a toutefois été qualifié d'«inexistant» par la Coordination mixte pour la défense des détenus islamistes. Il y a six jours, le ministère de la Justice a annoncé la grâce royale de plus de 400 personnes, dont 13 détenus salafistes, à l'occasion de la fête de la Révolution du roi et du peuple. Ces détenus islamistes libérés ont «participé au programme 'Mossalaha'». Ce jeudi, la Délégation générale de l'administration pénitentiaire et de la réinsertion (DGAPR) dévoile plus de détails sur son programme. Dans un communiqué parvenu à Yabiladi, elle précise qu'il a été lancé au profit des personnes condamnées dans des affaires de terrorisme. Cette feuille de route a été «préparée, élaborée et appliquée» par la DGAPR en faisant appel à ses «propres moyens» et en collaboration avec la Rabita Mohammadia des oulémas et le Conseil national des droits de l'homme (CNDH), poursuit le communiqué. Elle se base sur trois axes essentiels : «la réconciliation avec soi-même, avec le texte religieux et avec la société», indique la délégation dirigée par Mohamed Salah Tamek. «Ces axes ont été définis en partant de l'importance d'assurer les conditions de la réinsertion des personnes condamnées dans des affaires de terrorisme et d'extrémisme dans les institutions pénitentiaires. Des conditions qui nécessitent une approche scientifique innovante en droite ligne avec les efforts entrepris dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et la protection de la société marocaine, et la lutte contre les fragilités.» «La première édition entamée avec succès» La DGAPR affirme aussi que cette initiative consolide le principe sur lequel s'est appuyé l'expérience de l'Equité et la réconciliation, avec une «nouvelle formule dans laquelle la réconciliation émane des détenus eux-mêmes, avec la société ayant souffert du préjudice moral et matériel à cause de leurs idées extrémistes et leurs actes terroristes». Elle affirme aussi qu'il s'agit d'un projet unique qui s'inscrit dans le cadre de sa nouvelle stratégie, basée sur «l'humanisation et l'amélioration des conditions de détention, la réinsertion des détenus et leur préparation à l'intégration». Une nouvelle stratégie rendue publique en mars 2016. «La première édition de ce programme a été entamée avec succès, durant la période s'étalant du 29 mai au 25 juillet de l'année en cours dans la prison de Lâarjate. Des détenus condamnés dans des affaires liées au terrorisme en ont bénéficié. D'autres détenus, de différents courants djihadistes ont, eux aussi, exprimé leur volonté de rejoindre ce programme, de façon volontaire.» Le programme «Mossalaha», inexistant selon les islamistes La Délégation générale de l'administration pénitentiaire et de la réinsertion conclut en soulignant que son programme n'est pas lié à des faits circonstanciels, annonçant son intention d'étudier la possibilité de s'ouvrir à d'autres partenaires. Le but étant de «lancer une deuxième édition au profit de nouveaux candidats parmi ceux ayant exprimé leur volonté de participer à ce programme de réhabilitation». Bien que le document ne le mentionne pas, ce communiqué de la DGAPR intervient un jour après la sortie médiatique de membres de la Coordination mixte pour la défense des détenus islamistes. Hier, son porte-parole Abderrahim Ghazali a déclaré à Yabiladi que «le programme 'Mossalaha' évoqué dans le communiqué du ministère de la Justice, n'existe pas». «En réalité, ce programme 'Mossalaha' n'existe pas et n'a jamais été annoncé par l'Etat, ni officiellement ni officieusement. Aucune des institutions de l'Etat, y compris le Conseil national des droits de l'homme, le ministère de la Justice ou la Délégation générale de l'administration pénitentiaire et de la réinsertion (DGAPR), n'a communiqué sur ce programme auparavant», nous a-t-il dit. «A ma connaissance, il n'y a pas eu de dialogue ou d'initiative. La DGAPR avait elle-même démenti tout dialogue avec les détenus», a-t-il rappelé.