Circuler dans les rues marocaines sans voir de barbecues mobiles est chose rare. Il y a d'abord l'odeur de viande grillée, un nuage de fumée et enfin un attroupement de personnes souvent debout, tenant un demi pain. Manger un sandwich de saucisses grillées est l'équivalent du hot dog américain. Au Maroc, c'est à moindre frais qu'on peut obtenir une dose protéinées. Bon appétit ! Les saucisses grillées de Lalla Fatima à Rabat, Bab Lbouiba. / Ph. Mounira Lourhzal Idrissi Moulay Brahim alias Lalla Fatima, vendeur références des saucisses grillées à l'ancienne Médina de Rabat. / Ph. Mounira Lourhzal Parmi les vendeurs ambulants à la blouse blanche, Lalla Fatima a une réputation à part. D'abord c'est un homme comme ne l'indique pas son nom. Idrissi Moulay Brahim, de son nom complet est une référence dans l'ancienne Médina. Et si tout le monde l'appelle du nom de sa femme, c'est qu'il ne jure que par elle. En outre, le sexagénaire tient son commerce «exclusif» de saucisses grillées depuis les années 80. A la sortie de ses deux mètres carrées qui lui tiennent lieu de local, son barbecue fait le coin de Bab Lebouiba, l'une des nombreuses portes de la Médina. Le long de la ruelle, les charrettes blanches ou les petits snacks traditionnels sont nombreux. L'étalage des viandes cuites sur place, fait fureur. Kefta, viande, foi de poulet et saucisses ne ressemblent en rien à ceux de Lalla Fatima. «Il ne faut jamais tricher» Ses saussices sont courtes, leur couleur n'a pas ce rouge écarlate du colorant artificiel des autres charcuteries, et leur goût non plus, nous assure-t-il. Lalla Fatima en est fier et il ne le cache pas : «Cette marchandise à la viande de boeuf est introuvable ailleurs.» Et pour cause, il les confectionne lui même, dans un autre local. Avec quoi assaisonne-t-il ses saucisses ? De toutes les épices, du sel à la paprika jusqu'à la coriandre moulue. Est-ce là son unique secret ? Non, nous répond-t-il, les gens viennent casser la croûte chez lui aussi parce qu'il a le verbe facile. C'est évident, Lalla Fatima a les mots justes pour chacun, son empathie et son comique accrochent les passants. «Je suis en règle», ajoute notre homme. En plus de trente années d'exercice, ce natif de la région de Marrakech clame haut et fort que personne ne s'est plaint de ses saucisses. «Il faut craindre Dieu dans son métier et partout ailleurs», c'est ainsi qu'il répond indirectement à la question de l'hygiène de sa cuisine. A cinq dirhams, on peut manger un quart de pain avec des saucisses, et cerise sur le gateau : sauce tomate et sauce piquante à volonté. L'argent n'est pas son premier souci, c'est une personne connue de tous : «Tout le monde m'aime, la raison est que je les aime». Et de midi à dix heures du soir, Lalla Fatima ne désemplit pas.