Contrairement aux projets des milieux arabophones, la langue française gagne du terrain dans l'école publique. La dernière décision de la tutelle d'enseigner la langue de Molière dès la première année du primaire a fait sortir de ses gonds Fouad Abou Ali, le président du Collectif national de la langue arabe. Il dénonce une manœuvre pour imposer aux Marocains la langue de «l'ancienne et nouvelle colonisation». La guerre entre les partisans de la francophonie et les arabophones a repris de plus belle. La décision du ministre de l'Education nationale d'enseigner la langue de Molière, dans les écoles publiques, dès la première année du primaire lors de la prochaine saison scolaire a ravivé les inquiétudes de l'autre camp. Une annonce communiquée en direct sur la chaîne Al Aoula par Mohamed Hassad à l'occasion de la séance hebdomadaire des questions orales à la Chambre des conseillers du mardi 13 juin. Auparavant l'apprentissage du français commençait dans le public à partir de la 3e année du primaire. En attendant une réaction des islamistes du PJD, Fouad Abou Ali, le président du Collectif nationale pour la langue arabe, est monté au créneau pour dénoncer une telle mesure. Le président du Collectif de la langue arabe dénonce Pour ce partisan de l'arabisation, la décision de Hassad constitue «une réelle menace pour les langues officielles» et ce «en imposant aux Marocains la langue de l'ancienne-nouvelle colonisation en violation de tous les consensus constitutionnels des Marocains et des visions stratégiques du Conseil supérieur de l'enseignement», a-t-il écrit sur sa page Facebook. «Avec cette décision, Hassad croit-il résoudre les problèmes» de l'école publique s'est-il interrogé ? Abou Ali estime que le français n'est pas la solution idoine à la crise que connaît le secteur, assurant que la langue de Molière «perd chaque jour de son aura scientifique». Le président du Collectif affirme, en revanche, que la solution préconisée par Hassad «va aggraver les problématiques linguistique et pédagogique» et «mènera vers une catastrophe nationale». Malgré la virulence de la réaction de Fouad Abou Ali, l'annonce faite par le ministre s'inscrit en droite ligne de la stratégie 2015-2030 élaborée par son prédécesseur et adoptée lors du conseil des ministres du 6 février 2016 à Laâyoune. Pour mémoire vingt-quatre heures plus tard, Rachid Belmokhtar déclarait sur le JT francophone de 2M que l'enseignement du français dans l'école publique débutera dès la première année du primaire contre la troisième actuellement. Par ailleurs, Mohamed Hassad n'a pas encore annoncé si la langue de Shakespeare fera son entrée dans l'école publique dès la quatrième année du primaire comme s'y était engagé Belmokhtar.