La reconfiguration du champ partisan est en marche. Si elle se présente de manière fracassante et à rebondissements au sein de l'Istiqlal, au Mouvement populaire elle s'effectue plutôt sur du velour. L'Etat est au chevet d'une formation plutôt vieillissante, en déclin et qui a grandement besoin de sang neuf. C'est dans ce contexte que s'inscrit l'adhésion de Mohamed Hassad, qui pourrait d'ailleurs prendre les commandes du MP en 2018. La présence de Mohamed Hassad dans la composition du cabinet El Othmani a constitué une double surprise. D'abord son départ du ministère de l'Intérieur pour prendre la tête d'un super-département : l'Education nationale, la Formation professionnelle, l'Enseignement supérieure et la Recherche scientifique. Et ensuite, sa rapide et inattendue adhésion au Mouvement populaire. Son secrétaire d'Etat chargé de la Formation professionnelle, Larbi Bencheikh, un autre technocrate qui dirige l'OFPPT, a également intégré la formation de l'Epi. La direction du MP a vite salué l'arrivée des deux recrues, estimant qu'elle contribue au «renforcement du parti par de nouvelles compétences». L'intégration de Hassad, un amazigh originaire de Tafraout, pourrait dépasser le simple encartage accessoire pour les besoins du maroquin. D'aucuns même la considèrent comme le premier pas vers l'élection du ministre au poste de secrétaire général du parti au prochain congrès prévu en 2018. Hypothèse d'autant plus probable que Mohand Laenser ne compte pas briguer un autre mandat. Le fondateur du MP était un ministre de l'Intérieur En face d'une potentielle candidature de Mohamed Hassad, qui jouit de la confiance de membres influents dans l'entourage royal, la concurrence risque de faire pâle figure, y compris Mohamed Ouzzine, longtemps présenté comme le dauphin naturel de Laenser. En attendant une telle intronisation, Hassad siège d'ores et déjà au bureau politique du MP par es-qualité. Ce qui devrait permettre au ministre de tisser des relations avec les figures influentes au parti. Autre point fort pour l'ancien ministre de l'Intérieur : sa connaissance de la scène partisane en général et la situation interne au sein de l'Epi en particuliers. Les guerres larvées ou déclarées entre les membres de la direction ayant gravement nui au parti, n'ont donc aucun secret pour lui. Si le projet de placer Mohamed Hassad aux commandes de l'Epi se confirmait, ce ne serait pour autant pas un précédent. Pour mémoire, le véritable fondateur du MP est Lahcen El Youssi (1903-1970), qui n'est autre que le premier marocain à avoir occupé le poste de ministre de l'Intérieur après l'indépendance. Hassad s'inscrirait donc dans le sillage du fondateur du parti amazigh, et de l'actuel secrétaire général du MP qui a également dirigé le département de l'Intérieur sous le gouvernement Benkirane I.