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Mohammed Darif : En attendant une monarchie parlementaire [Magazine]
Publié dans Yabiladi le 19 - 03 - 2011

Le Mouvement du 20 février et le contexte actuel dans le monde arabe ont chamboulé, ou plutôt accéléré le calendrier des réformes au Maroc. Le politologue Mohammed Darif, analyse ces changements constitutionnels.
Dans le contexte actuel des révolutions arabes, le discours du 9 mars du souverain est-il surprenant ?
Tout le monde attendait la réaction de la monarchie face à ce qui se passe dans le monde arabe et au Maroc à travers les revendications du Mouvement du 20 février. La spécificité de la monarchie marocaine se situe dans sa capacité à s'adapter et à contenir le mécontentement de la population à travers énormément de mesures.
Actuellement nous assistons à un tournant dans le monde arabe. Les circonstances exigent des mesures politiques parce qu'on ne peut remédier à l'ensemble de la situation à travers des mesures socio-économiques uniquement. Le problème des régimes arabes est d'avoir cru que tous les problèmes pouvaient se résoudre à travers une politique socio-économique. Les couches de la population qui souffrent de l'exclusion sociale ont besoin de solutions socio-économiques mais il y a aussi des classes moyennes qui souffrent de l'exclusion politique et qui revendiquent un changement politique.
Les manifestations au Maroc n'avaient pas la même ampleur que dans d'autres pays arabes. On a l'impression que les autorités ont assez vite cédé face aux protestataires.
C'est cela la spécificité de la monarchie marocaine. Elle a cette capacité à répondre aux besoins des populations. Il y a certes le contexte arabe actuel, mais également une volonté des Etats-Unis et de l'UE d'encourager le processus des réformes institutionnelles et politiques dans le monde arabe. Ajoutez à cela qu'au Maroc, les revendications pour une monarchie parlementaire datent des années 80. Sans parler des forces sociales, politiques et culturelles qui réclament l'institutionnalisation de la culture amazighe et la nécessité de renforcer les libertés publiques et individuelles. Ces réformes figuraient donc à l'agenda de la monarchie depuis longtemps. Le contexte actuel les accélère.
Cela peut aussi être une stratégie pour laisser la tempête passer ?
Il ne s'agit pas d'un palliatif. Je crois qu'il faut prendre les choses au sérieux. Il y a un changement même de stratégie et de la philosophie du pouvoir. Par le passé, on se cachait derrière les réformes socio-économiques. Mais aujourd'hui, une classe moyenne (dont ces jeunes font partie), qui ne souffre pas de ces problèmes, cherche à participer à la prise de décisions. C'est donc une réponse politique qui constitue la solution. Le discours du roi entre dans ce cadre.
Il rompt avec une philosophie du pouvoir et propose des révisions constitutionnelles profondes. Je pense qu'on peut même parler d'une nouvelle constitution démocratique à venir.
Comment voyez-vous cette nouvelle constitution ?
Elle devrait être fondée sur deux conditions sine qua non à toute constitution démocratique : le principe de la séparation des pouvoirs et celui de la primauté de la constitution.
Se dirige-t-on alors vers une monarchie parlementaire ?
Selon certains constitutionnalistes, une monarchie ne peut prétendre être démocratique que si elle est parlementaire. Les deux conditions de cette monarchie parlementaire ne sont pas encore réunies ici, au Maroc. La première est la nécessité d'avoir des partis politiques crédibles. Même les jeunes du Mouvement du 20 février considèrent ces formations politiques comme dépassées. Il faut créer les bonnes conditions pour crédibiliser l'action partisane. La deuxième condition est la nécessité d'un corps électoral responsable de ses choix. Malheureusement ce corps électoral n'est pas immunisé. On parle d'argent sale et d'achat de conscience...
La formule proposée par le roi et à travers laquelle on peut concilier monarchie et démocratie, est une monarchie équilibrée. Un partage du pouvoir entre le roi et un gouvernement représentatif, issu de la volonté populaire, de la majorité parlementaire. On est en train d'instaurer une monarchie, non pas parlementaire, mais équilibrée, avec une séparation des pouvoirs. A terme, nous devons nous diriger vers une monarchie parlementaire.
Quant vous parlez de monarchie équilibrée, on suppose que la monarchie a cédé une partie de ses pouvoirs. Ne risque-t-on pas alors d'assister à un équilibre des forces qui risque de bloquer le bon fonctionnement des institutions ?
Non, cet équilibre est compatible avec la réalité marocaine. On a besoin de la monarchie qui soit un garant et une soupape de sécurité. Le roi doit préserver ses attributions religieuses et demeurer le Commandeur des croyants ainsi que ses pouvoirs politiques en tant qu'arbitre. Pas un arbitre passif mais actif, intervenant pour réguler le jeu politique et obliger les acteurs politiques à respecter les règles du jeu. A côte du roi, un gouvernement ayant une légitimité populaire permettra d'avoir les conditions de cohabitation entre ces deux légitimités.
La plupart des partis politiques n'ont pas été solidaires des jeunes du mouvement du 20 février. Peuvent-ils jouer le jeu dans la nouvelle orientation ?
Les partis politiques ont une mauvaise image auprès des populations mais une véritable démocratie ne peut être instaurée sans eux. Ils sont les véhicules de la médiation politique. Je pense que c'est le moment de créer des conditions d'une compétitivité politique pour que ces partis puissent lutter contre leurs faiblesses. Ils doivent incarner des projets politiques, instaurer une démocratie interne avec des règles du jeu bien définies et transparentes. Les partis doivent déployer des efforts pour se crédibiliser et contribuer à l'encadrement des populations.
Le roi a nommé une personnalité pour diriger la commission ad-hoc qui doit livrer ses conclusions au mois de juin prochain. Des voix dans le Mouvement du 20 février critiquent déjà ce mode de désignation. N'y avait-il pas une autre voie ?
En tant que constitutionnaliste, je peux vous dire qu'il y a deux méthodes démocratiques en la matière. La première est l'élection d'une assemblée constituante. Elle tire sa légitimité de la délégation populaire. La deuxième méthode consiste à former une commission qui prépare non pas une constitution, mais un projet de constitution.
Le souverain a opté pour ce second choix, comme ce fut le cas de la France lorsque Charles de Gaulle proposait un référendum constitutionnel.
Parlons de l'avenir. Les chamboulements actuels ont poussé la monarchie à «équilibrer» ses pouvoirs. Si elle fait de même dans l'avenir, est-ce qu'à la longue, il lui restera du pouvoir ?
Ecoutez, je trouve cela très légitime. Au Maroc, ependant, on attend encore de réunir les conditions nécessaires à une monarchie parlementaire, à savoir des partis crédibles et un corps électoral responsable.
Cet article a été publié dans Yabiladi Mag n°5


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