«Ceux qui n'ont pas eu la chance de vivre l'Indépendance ou la Marche verte pourront dire qu'ils ont vécu le 9 mars». C'est en ces termes que le ministre Ahmed Réda Chami a exprimé sa réaction au discours royal. Une belle manière de dire que le tournant est historique. Sans revenir sur les détails du chantier des chantiers, lancé par le souverain, auquel Les Echos quotidien a consacré une édition spéciale, hier (consultable sur lesechos.ma), on peut dire que le Maroc s'est vu pousser des ailes, depuis. Mais la question qui se pose aujourd'hui est de savoir si les partis politiques et les forces vives du pays seront à la hauteur de cette confiance placée par le Roi pour lancer un débat constructif et surtout audacieux. Si l'on en juge par les réactions à chaud, l'engagement y est, mais l'héritage est beaucoup trop lourd et les délais trop serrés. Ce n'est plus une mise à niveau que les partis doivent lancer, mais une véritable révolution, car c'est dans leur camp que la balle se trouve aujourd'hui. Vers une société moderne et démocratique Le Roi a donné le tempo, a invité à l'exécution d'une valse, qui portera le Maroc très très loin, mais il faudra être deux et danser sur le même rythme pour que la danse soit parfaite. Et ce n'est pas gagné d'avance ! Passée l'euphorie consécutive au discours royal, les langues commencent à se délier et les avis divergent. Si pour certains, les politiciens n'auront pas d'autre choix que de se conformer à la volonté du peuple, conforté par l'élan donné par le Roi dans son discours, d'autres regrettent en revanche la carence d'une élite politique qualifiée pour jouer le rôle de locomotive du développement. C'est justement à ce niveau que la société civile dans toute ses composantes devrait se positionner comme véritable arbitre, de façon à garantir la réussite du processus qu'elle a enclenché. L'objectif est d'instaurer une véritable société moderne et démocratique, capable de relever les défis qui s'annoncent pour le royaume. Ce sera là le socle d'un véritable développement, à la fois social et économique. En effet, la grande réforme annoncée par le souverain devrait favoriser d'un côté l'émergence d'un climat propice pour la concrétisation des revendications sociales et de l'autre, favoriser la mise en place d'un environnement à même d'assurer une égalité économique pour toutes les régions du royaume. Avec, en prime, une amélioration certaine du climat des affaires, en se dotant d'un système judiciaire totalement indépendant, garantissant les droits de tout un chacun. De quoi réconcilier le Maroc avec les investisseurs marocains. C'est dire tout l'espoir né de la dynamique enclenchée, qui inaugure, à tous points de vue, une ère nouvelle, pour peu que tous les acteurs jouent convenablement leurs partitions. LA REDACTION Les réactions des acteurs politiques, des opérateurs économiques et de la société civile à propos du discours royal prononcé le 9 mars et dans lequel le Roi Mohammed VI a annoncé la révision de la Constitution : Abdellatif Menouni, Président de la Commission ad hoc pour la révision de la Constitution La révision de la Constitution est avant tout un élargissement du champ de la réforme constitutionnelle. SM le Roi a donné une vue d'ensemble sur les éléments de la révision constitutionnelle qui va être réalisée. En cela, l'approche adoptée par le souverain est double. Il y a d'abord le champ, qui est déjà tracé par le discours de la réforme constitutionnelle, mais il y a également la création de la commission ad hoc, qui peut aborder d'autres sujets dans le cadre de la révision constitutionnelle. André Azoulay, Conseiller du Roi et Président de la fondation Anna Lindh Bien qu'absent du royaume, André Azoulay ( joint alors qu'il était était à Londres pour s'entretenir avec l'Archevêque de Canterbury), a tenu à commenter le discours royal de mardi dernier. Et de déclarer que le Maroc a inscrit son avenir dans une dynamique de la réforme et de la modernité tranquilles. Le Maroc s'inscrit une fois de plus dans une logique de pionnier, se tournant vers un avenir de la dynamique de changement avec une rhétorique différente. Les divers acquis du pays cumulés depuis l'interdiction visionnaire du parti unique (1961) à la mise en place d'une économie de marché, rendent le Maroc cohérent avec lui-même et ont permis de bâtir une société ouverte, flexible et agile, capable d'anticiper les réformes. C'est à l'aune de ces choix pionniers et audacieux qu'il faut lire et comprendre la réalité institutionnelle, politique et sociale du Maroc. Taïeb Fassi-Fihri, ministre des Affaires étrangères et de la coopération Les réformes annoncées par SM le Roi Mohammed VI représentent un nouveau pas «aussi important qu'historique», a affirmé jeudi le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Taïeb Fassi-Fihri. Fassi-Fihri, qui était l'invité du journal de 12h30 du BBC World Service (diffusé sur 200 pays et touchant une audience de plus de 200 millions de télespectateurs), a souligné que le discours du Roi marque «un nouveau pas dans le cadre de cet itinéraire spécifique au Maroc». La vision royale d'avenir accorde à la jeunesse la chance d'une vie meilleure, d'un emploi meilleur et d'une représentation meilleure au Parlement, a souligné le ministre, relevant qu'à l'instar de la Turquie, «le Maroc représente un réel modèle». C'est sur cette base que l'Union européenne a accordé au Maroc un statut avancé, «qui signifie que nous partageons avec l'Europe les mêmes valeurs aux niveaux politique, démocratique, économique et social». Et le ministre de souligner la grande diversité, notamment politique qui caractérise le Maroc, notant que la commission mise en place, mercredi, travaillera étroitement avec tous les partis politiques, les syndicats et la société civile. Omar Azziman, Président de la CCR La Commission consultative pour la régionalisation (CCR) a œuvré à l'élaboration d'un modèle de régionalisation spécifiquement marocain qui tient compte des réalités marocaines et répond aux attentes de la société et à la phase historique que traverse le Maroc, a affirmé jeudi à Rabat, Omar Azziman, président de la CCR. Lors d'un point de presse conjoint avec Abdellatif Mennouni, auquel SM le Roi a confié la présidence de la commission ad hoc pour la révision de la Constitution, Omar Azziman a indiqué que la commission a travaillé d'une manière soutenue pendant une année, en vue d'élaborer des conclusions relatives au projet de régionalisation initié par le Souverain. Il a ajouté que la commission s'est intéressée aux expériences étrangères pilotes, tout en veillant à élaborer un modèle marocain qui répond dans son essence aux attentes de la société et tient compte des réalités géographiques et économiques du royaume. Ahmed Réda Chami, Ministre de l'Industrie, du commerce et des nouvelles technologies Tous ceux qui n'ont pas eu la chance de vivre le jour de l'Indépendance ou de la Marche verte pourront dire qu'ils ont vécu le 9 mars 2011. Ce discours marquera l'histoire, il nous permettra d'avoir les outils de la justice, de la bonne gouvernance, du développement économique et de l'équité sociale. Cette histoire dont Sa Majesté a ouvert la porte, ce sera à nous tous, partis politiques, syndicats, société civile, et jeunes de ce pays de l'écrire. L'habit imaginé par Sa Majesté pour cette réforme est en effet une charge qui doit tous nous mobiliser. Certes, cette réforme a été accélérée par le contexte qu'ont vécu certains pays de la région. Cela dit, il ne faut pas oublier que les annonces du discours ne sont finalement que l'aboutissement d'un long processus entamé depuis un bon moment. Enfin, si certains ont déjà fait part de leur scepticisme, il faudrait d'abord qu'ils laissent aux gens la chance d'essayer de travailler et puis après, si cela ne marche pas, ils pourront les critiquer. Moulay Abdallah Alaoui, Président de la Fédération de l'énergie et membre du Conseil économique et social J'ai perçu ce discours comme la naissance d'une troisième marche du royaume. La monarchie a en effet toujours été la clé de voûte des institutions et a toujours pris des initiatives : sous le règne de Mohammed V, il y a eu la révolution du Roi et du peuple; sous l'ère Hassan II, nous avons assisté à la Marche verte; aujourd'hui, Mohammed VI est à l'origine d'une nouvelle Constitution, d'une nouvelle organisation du Parlement... soit un nouvel élan vers un meilleur avenir pour le Maroc. Pour cet accomplissement, les partis politiques sont appelés à œuvrer pour une démocratie dépassionnée et cela doit passer par un rajeunissement de leurs troupes, afin que le renouvellement se traduise par une démocratie pérenne. L'enjeu sera aussi de mobiliser la société civile pour cette nouvelle ère qui se dessine, mais à condition qu'elle soit encadrée par le tissu associatif afin qu'elle puisse jouer pleinement son rôle. Moulay Hafid Elalamy, Opérateur économique- Ex président de la CGEM Le moment est historique. Les révélations du discours royal dépassent les attentes des Marocains. Les changements profonds accompagnant le projet de régionalisation lancé par SM le Roi vont au-delà de ce que la région, à elle seule, nécessite. Le souverain, conforme à son engagement démocratique depuis son ascension au trône, a été fidèle à sa feuille de route en annonçant des transformations en profondeur et une Constitution futuriste. Le Maroc a encore une fois tous les atouts en main pour bénéficier de ces avantages et donner à l'ensemble des citoyens des chances d'emploi et d'espoir en l'avenir. J'appelle à une mobilisation totale des opérateurs pour accompagner cette évolution historique de notre pays et faire du Maroc le véritable dragon de la région. Ahmed Boukouss, Directeur de l'IRCAM La reconnaissance de l'Amazighité est une consécration de l'ensemble des réflexions et revendications déjà entamées avec la création de l'Institut royal de la culture amazigh (IRCAM). Cette annonce sera incontestablement un facteur développement et de démocratie. C'est une reconnaissance de la diversité culturelle, en elle-même, du royaume, ce qui en fait désormais un fondement de développement et de progrès. Le moment est donc historique. Karim Tazi, Homme d'affaires Pour résumer, c'est une grande satisfaction ! D'abord, il faut avouer que le discours du Roi a été à la hauteur des circonstances historiques dans lesquelles il a été prononcé, avec notamment une rigueur intellectuelle et un texte bien construit. Je salue aussi le fait que le Roi n'a essayé d'esquiver aucune des problématiques qui ont été soulevées récemment. L'intérêt pour l'Amazighité, l'indépendance de la justice qui n'est finalement pas impossible, l'implémentation des recommandations de l'IER, l'équilibre des pouvoirs entre la monarchie et l'exécutif ou encore l'importance donnée à la Primature, sont autant de points traités et que j'ai personnellement appréciés. Maintenant, la question qui reste est celle de savoir si les partis politiques seront à la hauteur de ces réformes. Ce qui est sûr, c'est que la pression du peuple sera aujourd'hui tournée vers ceux-ci. Cela dit, il faut également préciser que l'appel lancé par le Roi au grand débat ne peut se faire sans une implication objective des médias publics, sinon cette victoire du peuple risque d'être confisquée par la politique. Pour conclure, le Roi nous a lancé, en tant que jeunes militants pour le développement du royaume, un défi, que nous sommes prêts à relever. Mohand Laenser, Secrétaire général du Mouvement populaire Ce discours est une réelle introduction à la régionalisation élargie, la réforme de la Chambre des conseillers ainsi que la dimension multiculturelle de l'identité marocaine, notamment la composante amazighe. Il y a d'autres sujets très importants dans cette feuille de route tracée par le Souverain et il va falloir lire ce discours plusieurs fois afin de cerner toutes les prochaines étapes qu'il propose pour la mise en place du modèle marocain et le renouvellement du pacte qui lie le peuple et la monarchie. Lahcen Daoudi, Chef du groupe parlementaire du PJD Sincèrement, nous avons été agréablement surpris par le contenu du discours royal. Personnellement, je ne m'attendais pas à ce que le seuil des réformes atteigne ce niveau. Nous craignions de simples retouches, mais finalement je peux dire que tout le monde a été servi. Nous allons franchir cette étape sans casse et en cela nous confirmons la spécificité marocaine. Encore faut-il que les partis se restructurent et que les jeunes adhérent à cette nouvelle dynamique. Une constitution à elle seule, aussi avancée soit-elle, ne pourra jamais résoudre les divers problèmes que tout le monde devra affronter aujourd'hui. Mais cela n'empêche pas de dire que le volet politique a été résolu. Abdelali Benamour, Président du Conseil de la concurrence C'est réellement une révolution qui marque le début d'une nouvelle ère pour le Maroc. Maintenant, il ne faut pas tomber dans le cercle vicieux de dire que les partis politiques ne sont pas assez matures pour prendre le relais de cette dynamique positive. Car la démocratie passe nécessairement par les partis politiques. En fait, ce n'est qu'à partir de l'adoption de la nouvelle Constitution que nous commencerons à parler d'une vraie transition démocratique. Lorsque le cadre existe, l'outil se construit. Dès lors, de nouveaux partis politiques seront créés, notamment à travers les jeunes qui ont porté le mouvement revendicatif. Les partis existants seront dans l'obligation de se réformer et se rénover. Pour ce qui est du Conseil de la concurrence, je pense que les choses vont enfin accélérer pour avoir un pouvoir exécutif et décisionnel, puisque de toute façon la liberté d'entreprendre devra être ancrée dans la Constitution. Driss Ben Ali, Economiste Il faut que le peuple reste mobilisé et déterminé jusqu'au moment où le contenu du discours royal transparaisse sur le terrain. En ce sens qu'il y a des forces puissantes, qui n'ont aucun intérêt au changement et qui feront tout pour contrecarrer cette dynamique démocratique. Il y a beaucoup de justesse dans ce que le Roi a annoncé dans son discours. Toutes ces réformes ne peuvent se concrétiser qu'à travers les bonnes personnes. Des personnes différentes, qui ne s'inscrivent pas dans l'obéissance et la lâcheté. Tim Morris, Ambassadeur de Grande Bretagne au Maroc Le Maroc, à la faveur des importantes réformes initiées dans tous les domaines, est un pays appelé à un avenir prometteur et plein d'opportunités. Le gouvernement marocain a réagi positivement aux revendications des jeunes. Les efforts de réforme et de développement consentis par le Maroc renforcent les opportunités offertes pour le renforcement des relations de coopération entre le Maroc et le Royaume-Uni. Le gouvernement britannique considère le Maroc comme un partenaire de longue date vers lequel on se tourne pour des conseils et avec lequel nous souhaitons renforcer les liens de coopération. Mohamed Tamer, Vice-président de la CGEM et membre du Conseil économique et social Il est impératif de préciser que le fond du discours royal s'inscrit dans la continuité des réformes engagées depuis une dizaine d'années, déjà. Cela s'intègre également dans dans le cadre de la régionalisation avancée, et apporte les réponses qu'il fallait et qui étaient aussi attendues depuis une année. Pour tout le reste, nous nous conduisons-là vers une monarchie parlementaire, à l'instar de ce qui s'applique dans d'autres pays. Par rapport au statut avancé, ces réformes permettront au Maroc de se rapprocher davantage des acquis communautaires de l'UE. Hassan Benaddi, Président du conseil national du PAM Les réactions recueillies à chaud parmi les membres du conseil national, juste après le discours royal ont été unanimes à souligner son caractère révolutionnaire. Le souverain a surpris par l'audace des propositions contenues dans son discours du 9 mars. Il y a d'abord l'aspect lié à la gouvernance. Pour la première fois, les présidents des conseils régionaux seront élus au suffrage universel, leurs pouvoirs profondément élargis et ils prendront la place des walis. Il y a aussi l'institution de la Primature qui ne sera plus un titre honorifique, mais pour la première fois, le Premier ministre sera le véritable chef de l'administration. Sur d'autres points, la nouvelle architecture constitutionnelle montre clairement que l'Etat s'est engagé de manière irréversible dans la voie de la modernité, sans que les fondamentaux culturels, qui font l'objet de consensus, ne soient touchés. Il reste à savoir maintenant si les partis seront capables de relever ce challenge et de se mettre à niveau. Habib Malki, Economiste-directeur du Centre marocain de conjoncture C'est un discours à portée historique, jetant les bases d'une étape avancée dans l'édification d'un Maroc moderne et démocratique. L'annonce d'une réforme constitutionnelle profonde et globale, portant sur tous les acteurs institutionnels (l'Etat, le Parlement, le gouvernement, les régions) constitue un grand chantier d'avancées. La méthodologie fixée pour réaliser les objectifs est en rupture avec l'expérience constitutionnelle du Maroc indépendant. La création d'une commission chargée de cette réforme, avec une concertation large auprès des partis politique, des syndicats, de la société civile et des jeunes, est significative de la grande maturité politique des marocains. Par rapport aussi au statut avancé avec l'UE, je pense que c'est un facteur positif qui va homogénéiser, dans le domaine des droits de l'Homme et des libertés publiques, les pays du sud de la méditerranée. Le Maroc continuera à jouer le rôle d'avant-garde. Abdelkrim Ben Atiq, SG du Parti travailliste C'est assurément le discours le plus révolutionnaire et le plus attendu par la gauche marocaine depuis 1960, date des premières revendications pour une réforme constitutionnelle profonde et radicale. La balle est dans le camp de tous les acteurs politiques et des jeunes qui doivent saisir cette chance et s'impliquer dans le débat politique et d'idées qui sera ouvert. C'est un discours courageux, il est important de le signaler, car les horizons qu'il ouvre sont révolutionnaires et ils représentent de réelles perspectives pour renforcer la démocratie au Maroc. Notre parti compte s'inscrire d'une manière positive dans cette initiative qui vise à élargir les libertés des citoyens et des instances élues, régionales soient-elles ou parlementaires. Oussama El Khlifi, membre du Mouvement du 20 février Le discours d'hier est un signal positif que le Roi est à l'écoute de la rue et de son peuple. D'ailleurs, c'est la première fois qu'un Roi répond à la demande de la rue. Toutefois, certains points n'ont pas forcément été retenus par le discours, notamment le cadre constitutionnel vers lequel doit évoluer la Constitution. Aujourd'hui c'est la monarchie constitutionnelle qui a la suprématie. Or pour que le peuple gouverne, nous avons besoin d'une monarchie parlementaire et c'est ce que réclame le Mouvement du 20 février. Le Premier ministre est la personne qui doit gouverner mais actuellement c'est le Conseil des ministres, présidé par le Roi qui prend les décisions, celui du gouvernement ne fait que discuter les lois. Tajeddine El Housseini, Professeur universitaire et membre de l'Académie royale Il était grand temps de porter les réformes déjà engagées à un niveau politique, sans pour autant sombrer dans une transposition formelle d'un système étranger, mais aussi s'atteler à la mise en place d'un système économique qui sera en mesure d'assurer une répartition équitable de la croissance. Il est clair que devant cette effervescence populaire qui secoue le monde entier, au delà de la région arabe et qu'on peut qualifier de mondialisation politique à travers un début de généralisation de la démocratie, c'est que les dirigeants qui opteront pour l'immobilisme politique et socio-économique, sont ceux là mêmes qui grilleront leurs chances de pérenniser leur pouvoir. La politique des réformes s'impose mais dans un cadre global et général qui réhabilitera le rôle de tous les acteurs, au premier rang desquels les partis politiques. Ces derniers ont, le moins qu'on puisse dire, perdu leur crédibilité en tant qu'acteurs principaux du jeu démocratique, comme en témoigne la participation des citoyens aux dernières élections. Aujourd'hui, tout le monde est d'accord qu'il y a une nécessité d'assainir le cadre politique national. On a déjà, depuis longtemps banni au Maroc l'idée d'un parti unique et il faudrait maintenant qu'on fasse attention à ce qu'un parti dominant, quel qu'il soit, ne puisse entacher la crédibilité du processus démocratique. Assidon Sion, Membre de Transparency Maroc Le pouvoir constitutif n'a pas changé de place. Les décisions continueront à être prises d'en haut...on ne voit pas, en ces nouvelles réformes, la place de la souveraineté populaire comme un véritable système de gouvernance. Younes Moujahid, Président du SNPM Nous pensons que c'est un chantier important et très positif qui s'ouvre dans notre pays. À mon sens, ce discours ouvre le dialogue sur des questions qui se posent depuis longtemps et appelle à une réforme politique globale et radicale. Il faut toutefois, garder à l'esprit l'importance de la mise en application de ces décisions, tant au niveau constitutionnel, qu'au niveau des textes et de l'architecture de l'Etat. Le projet de régionalisation, à lui seul, est un édifice de grande envergure. C'est pour cela que je suis convaincu que pour y parvenir il faut que la réforme des médias soit également enclenchée. Il s'agit d'une réforme globale, dans laquelle les médias nationaux sont acteurs. Un acteur sérieux et pertinent. Je pense que cette réforme constitutionnelle est vraiment prometteuse, mais pour qu'elle soit véritablement pertinente il faut donner la priorité au secteur de l'information et de la communication. Bernard Valero, Porte-parole du ministère français des Affaires étrangères Le discours prononcé, mercredi, par le Roi Mohammed VI est responsable et courageux : nous sommes convaincus qu'il s'agit, pour le Maroc comme pour l'ensemble de la région, et particulièrement dans le contexte actuel, d'un discours majeur. La France salue notamment l'annonce de réformes constitutionnelles déterminantes visant à renforcer le statut du Premier ministre comme chef du pouvoir exécutif et la légitimité démocratique du gouvernement, et à assurer une claire séparation des pouvoirs, s'appuyant notamment sur une meilleure efficacité du Parlement. Les annonces concernant la justice, la place de la femme, la pluralité de l'identité marocaine ou encore les modalités de la régionalisation sont tout aussi importantes et exemplaires. L'approbation de ces réformes par voie référendaire est de nature à en renforcer le caractère démocratique. La France, en tant que partenaire et amie du Maroc, entretenant avec lui des liens de coopération denses et anciens, se tient naturellement à sa disposition pour l'accompagner dans ses choix...l'Union européenne s'efforcera d'en faire de même. Miloud Chaâbi, Homme d'affaires C'est un discours complet, profond et pertinent. le Roi a répondu aux revendications et aux attentes du peuple marocain. Cela réconforte tous les démocrates du pays. Maintenant, il faut se mobiliser pour la concrétisation de cette feuille de route et faire du Maroc un Etat de droit, moderne et visionnaire. Nidal Salam, Membre du bureau central de l'AMDH En tant que militante proche du Mouvement du 20 février, je peux dire que le discours du Roi répond en partie minimale à nos réclamations. Le Mouvement réclame la dissolution du gouvernement, du Parlement ainsi que la résolution des problèmes socio-économiques. Ces sujets n'ont pas été évoqués dans le discours royal. De plus, la régionalisation qui a habillé les modifications à introduire ne constitue pas l'une des demandes du Mouvement. Par ailleurs, la désignation par le Roi du comité constitutionnel est «anti démocratique», ce dernier doit être élu. Mohamed Abyed, SG de l'UC Le discours royal lance plusieurs signaux envers les acteurs politiques. Le projet de régionalisation élargie est un modèle qui sera constitutionnellement promu. Il faudrait que tous les acteurs politiques soient à la hauteur des réformes profondes voulues par le Souverain et qu'ils fassent montre de maturité dans leurs actions prochaines. La réforme constitutionnelle proposée est globale et concerne la protection des droits de l'Homme dans leurs multiples dimensions. Oualalou Fathallah, Maire de Rabat «Le discours adressé par le Roi à la nation, mercredi soir, a assimilé l'étape historique actuelle et permettra au Maroc de jouer un rôle de pionnier dans la région», a indiqué Fathallah Oualalou, membre du bureau politique de l'Union socialiste des forces populaires (USFP). Dans une déclaration à la MAP, Oualalou a souligné que «le discours royal répond aux aspirations de la jeunesse marocaine et des partis démocratiques, tout comme il répond aux exigences de cette phase historique dans la région». «Le Maroc, qui a connu un développement remarquable pendant la dernière décennie s'impliquera désormais dans un nouveau souffle réformateur», a-t-il ajouté. «Le Souverain a également assuré que de larges concertations auront lieu avec les partis au sujet des amendements à la Constitution», a-t-il souligné, rappelant, dans ce sens, le mémorandum de réformes soulevé auparavant par l'Union socialiste des forces populaires. Oualalou a également salué le choix de Abdellatif Mennouni à la tête de la commission ad hoc chargée de la révision constitutionnelle, estimant qu'il s'agit d'un éminent constitutionnaliste, reconnu pour son honnêteté intellectuelle et son ouverture à toutes les idées démocratiques. Et de poursuivre que le discours royal a de nouveau insisté sur l'importance de continuer d'aller de l'avant dans le chantier de la régionalisation avancée, lequel crée un lien direct entre l'évolution démocratique et la cause nationale. Ce vaste chantier est également de nature à renforcer la position du Maroc sur le plan international, a-t-il dit. Miloudi Moukharik, SG de l'UMT C'est un discours qui comprend des réformes profondes. Des axes de réformes très importants ont été annoncés par le Souverain, que nous appuyons d'ailleurs. Les instances dirigeantes de l'Union marocaine du travail vont maintenant se réunir, analyser ces axes et en tirer les leçons qui s'imposent.