L'élection d'Ilyas El Omari à la tête du PAM semble inéluctable. L'homme fort au parti du Tracteur parie sur une féminisation et une «dérifinisation» de sa formation pour asseoir davantage son emprise. Mais saura-t-il se détacher de l'omniprésence de l'ombre du fondateur du PAM, Fouad Ali El Himma ? Le PAM tient, du 22 au 24 janvier à Bouznika, son 3ième congrès. Cette réunion devrait se conclure par l'intronisation d'Ilyas El Omari à la tête du parti. On assistera ainsi à la fermeture de la parenthèse Mustapha Bakoury, qui n'avait de secrétaire général que le titre alors que les pouvoirs étaient déjà entre les mains d'El Omari et de ses amis rifains. A la veille de l'ouverture des travaux, les responsabilités pour les quatre années à venir sont déjà distribuées. A moins d'un changement de dernière minute, le poste de n°2 du Tracteur devrait revenir à Fatima-Zahra Mansouri. L'ancienne maire de Marrakech a précédé l'officialisation de sa désignation en annonçant son retrait de la course pour succéder à Bakoury. Miser sur les femmes et «Dérifaniser» le PAM L'élection d'une femme pour occuper ce poste est une requête du président du conseil de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima. Une autre femme est pressentie pour jouer les premiers rôles au sein du PAM. Il s'agit de Milouda Hazeb qui pourrait être désignée présidente du conseil national du parti. Via ces deux éventuelles nominations, le PAM, troisième génération, entend renouer avec l'ère Fouad Ali El Himma. A ses débuts le parti avait en effet accordé sa confiance à la gent féminine pour présider des conseils municipaux au lendemain des communales du 12 juin 2009. Cet appel du pied envers les mouvements féministes est également une manœuvre d'El Omari en vue de réduire au silence les voix internes qui s'étaient élevées pour l'accuser de «rifaniser» le PAM. Il faut savoir que les postes clés du parti sont monopolisés par des rifains depuis 2012. On peut citer en exemples le président du conseil national, la porte-parole et le président du groupe des conseillers à la 2ième Chambre, sans oublier le nombre de ceux qui siègent au bureau politique. Mais si Ilyas El Omari parvient à imposer une féminisation et une «dérifiaisation», il lui restera à affronter un défi majeur : comment se détacher de la tutelle du fondateur ? Malgré son retrait du parti à l'automne 2011 suite à sa nomination comme conseiller royal, l'ombre de Fouad Ali El Himma continue de planer sur les organes du Tracteur. Il cristallise notamment les critiques directes et indirectes de ses opposants, comme celles des «frères» de Benkirane et depuis quatre mois celles des amis de Hamid Chabat. C'est d'ailleurs le principal talon d'Achille de la formation.