Les fréquents déplacements de cadres d'Al Adl Wal Ihsane en Turquie viennent de subir un arrêt brutal. Ankara a refoulé sans management le n°2 d'AWI et interdit un congrès de la Fondation Abdeslam Yassine. Deux messages à la direction de la Jamaâ pour lui signifier que Erdogan ne tolère plus la proximité entre AWI et Fethullah Gülen, devenu son pire ennemi. Est-ce la fin de la lune de miel entre Al Adl Wal Ihsane et l'AKP d'Erdogan ? Les autorités turques ont refoulé ce samedi trois membres d'AWI dont son n°2, le très influent Fathallah Arsalane, alors qu'ils venaient jute d'atterrir à l'aéroport d'Istanbul en provenance de Casablanca. Les trois, déclarés persona non grata, ont été invités à rebrousser chemin. Le même jour, Ankara a décidé de suspendre la tenue d'un congrès en hommage à l'héritage culturel et religieux du fondateur de la Jamaâ, Abdeslam Yassine. L'événement est organisé à l'université Sabaheddine d'Istanbul par la «Fondation Abdeslam Yassine», créée en 2014 en Turquie pour la promotion d'un islam conforme à la sunna du prophète. Un congrès qui est d'ailleurs à sa deuxième édition après celle de 2013. La Jamaâ et sa proximité avec Gülen Ces deux revers successifs et inattendus de la part du "grand frère" turc ont contraint AWI au silence. Plusieurs sources au sein d'AWI ont refusé de nous donner des explications suite à ces deux sanctions, répétant en chœur que la direction du mouvement communiquera plus tard sa réaction. Contacté par Yabiladi, un «adliste» sous couvert d'anonymat attribue ce revirement de la Turquie aux relations avérées entre son association et le groupe interdit de Fethullah Gülen, l'ex-mentor d'Erdogan devenu par la suite sa bête noire. Une proximité entre deux mouvements politico-soufis que le parti au pouvoir à Ankara ne tolère plus. D'autant qu'il s'est engagé dans une chasse sans merci ciblant les disciples de Gülen. En témoigne le procès du religieux qui vit actuellement aux Etats-Unis, et de 66 de ses disciples, qui s'est ouvert le 6 janvier à Istanbul. La justice turque les poursuit tous pour «constitution d'organisation terroriste». A cette explication s'ajoute une autre qui sied à la direction de la Jamaâ, attribuant un rôle aux autorités marocaines dans les deux décisions du gouvernement turc. Une piste possible mais qui ne peut suffir à éluder la responsabilité d'Erdogan. Le silence de la Jamaâ en est d'ailleurs la preuve.