Quelques semaines après l'affaire de l'enterrement de l'épouse de Abdeslam Yassine, la police de Nador interdit un pique-nique organisé par les disciples d'Al Adl wal Ihssane dans une forêt. La section locale d'AWI dénonce un «acte illégal et immoral». Les relations sont toujours tendues entre Al Adll wal Ihssane et l'Etat marocain. Preuve en est ce qui s'est passé dimanche à Nador. Les autorités locales ont empêché des familles, membres de la Jamaa, d'organiser une paisible sortie dans la forêt de Maroust, non loin de la très célèbre lagune de Marchica. Sur place, un déploiement sécuritaire était prêt à intervenir contre les excursionnistes au cas ils n'obtempéraient pas aux ordres. Les services n'ont pas lésiné sur les moyens pour imposer leur dictat, dépêchant sur place des dizaines de policiers et des éléments des forces auxiliaires, arrivées à bord de plus de six fourgonnettes. «Un acte illégal et immoral» Heureusement il n'y a eu ni d'affrontements entre les deux parties ni d'arrestations dans les rangs des islamistes. Toutefois, «les forces de l'ordre auraient confisqué les appareils photos des disciples d'Al Adl wal Ihssane», avance un communiqué de la section d'AWI à Nador. L'instance a dénoncé un «acte illégal et immorale» de la part des autorités. Elle le considère comme «une violation de la vie privée et personnelle» des citoyens. Une interdiction qui traduit clairement la «poursuite de l'Etat dans sa politique de répression des libertés» en totale contradiction avec les «slogans de "l'Etat de droit" et la "nouvelle ère"», ajoute la même source. La section estime dans son communiqué qu'Al Adl wal Ihssane est une association «dûment légale», constituée selon le Dahir de 1985 qui «ne travaille pas dans la clandestinité» et «malgré la répression qu'elle subit à cause de ses positions politiques claires, elle continue à prôner la voie de la non-violence pour la réalisation de son projet». L'interdiction de cette sortie familiale d'Al Adl wal Ihssane à Nador n'est pas sans rappeler l'épisode des plages de 2001. A l'époque le ministère de l'Intérieur avait empêché AWI de «privatiser» les côtes.