La police mène depuis quelques jours une grande campagne d'arrestations dans les milieux d'Al Adl Wa Ihssane aux quatre coins du pays. Les dirigeants de La Jamaâ de Yassine, dont certains ont été arrêtés puis relâchés, crient à la violation de la loi. Dimanche 28 mai 2006, les forces de police sont intervenues à Taza pour empêcher la tenue d'une journée "portes ouvertes" organisée par Al Adl Wal Ihssane. 14 personnes ont été arrêtées lors de cette opération. La descente policière de Taza contre les adeptes de Abdeslam Yassine n'est pas un fait isolé puisque des opérations similaires avaient eu lieu depuis plusieurs jours suite à la décision d'Al Adl Wal Ihssane d'organiser des journées portes ouvertes à large échelle sur le tout le territoire. Activités qui ont plutôt l'apparence d'un nouveau bras de fer entre cette association et les autorités. Jeudi dernier, c'était le cas à Oujda et dans la petite bourgade de Béni Mathar avec l'arrestation de plus de 150 adlistes dont Mohamed Abbadi, figure de proue de l'association dans l'Oriental. Les personnes arrêtées ont été relâchées quelques heures plus tard après interrogatoire alors que les forces de police ont saisi divers documents, affiches et autres matériels de propagande, ainsi que des ordinateurs. Les objets saisis, notamment les fichiers informatiques, sont extrêmement précieux car renfermant la base de donnée du réseau d'Al Adl Wal Ihssane. Mercredi 24 mai 2006, Rabat connaissait une action similaire de la police contre des réunions d'Al Adl. Là aussi, plusieurs dizaines de personnes ont été arrêtées avant d'être auditionnées puis relâchées. Depuis plus d'une dizaine de jours, plusieurs autres villes vivront au rythme du même bras de fer entre adlistes et forces de l'ordre : Kénitra, Marrakech, Nador, Témara, Sidi Slimane, Souk Larbaâ et Tanger. Les journées "portes ouvertes" d'Al Adl Wal Ihssane comprennent plusieurs activités sous le thème "Qui sommes-nous, que voulons-nous?". En plus de stands réservés, dans la majorité des cas aux écrits du Cheikh Yassine, l'association de ce dernier organise, la nuit venue, des cercles pour le Dikr (chants religieux). Ces activités se déroulent souvent dans les domiciles des leaders locaux d'Al Adl, mais aussi dans des espaces publics investis par les adeptes du Cheikh. En plus des activités de "communication" de la Jamaâ, les forces de l'ordre ont, à maintes reprises (comme récemment dans les environs de Nador), dispersé des groupes de jeunes adlistes qui ont, eux, opté pour les pique-niques "éducatifs". Dans différents communiqués rendus publics par Al Adl, cette dernière s'insurge contre les "interdictions" qui touchent ses activités et les arrestations de ses militants, chose que l'association de Abdeslam Yassine juge contraire à la loi puisque, à l'en croire, Al Adl est bel et bien une association reconnue comme l'attestent plusieurs décisions antérieures. Fathallah Arsalane, porte-parole d'Al Adl, ne mâche pas ses mots pour fustiger cette "attitude" contraire, selon ses propres propos, à l'esprit de la "nouvelle ère". Al Adl Wal Ihssane, dont le leader prédit une "Qawma" (soulèvement ou révolution) pour 2006, a intensifié dernièrement ses activités dans toutes les villes du Royaume avec, comme consécration, l'organisation des actuelles journées "portes ouvertes". Au même moment, sa section estudiantine, qui s'est emparée de l'UNEM (Union nationale des étudiants du Maroc), écume les universités. Les procès impliquant cette association, souvent au plus haut niveau, sont souvent reportés à des dates lointaines. C'était récemment encore le cas pour celui impliquant plusieurs figures d'Al Adl dont les proches (épouse, beaux-fils et filles) de Abdeslam Yassine.