Il n'y a pas que le roi Mohammed VI et le gouvernement Benkirane à avoir dénoncé le drame qui a frappé Charlie Hebdo. Al Adl wal Ihsane, mais aussi le Mouvement Unicité et réforme (matrice du PJD) sont sur la même longueur d'onde. En revanche, les autres figures de l'islamisme marocain ne se sont pas encore exprimées. Avec un léger retard de deux jours, à son tour, Al Adl wal Ihsane condamne l'attaque meutrière ayant visé Charlie Hebdo. Une réaction qui porte la signature du Cercle politique de la Jamaâ et non de sa direction, une nuance de taille. En effet, le CP est une structure qui fonctionne comme un parti, avec un secrétariat général et des sections sur l'ensemble du territoire, en prévision d'une éventuelle autorisation par les autorités. Dans un communiqué, publié aujourd'hui, le CP exprime donc son rejet "de toute justification religieuse ou politique de l'attentat" menée par des Français d'origine maghrébine. Il appelle, également, à éviter tout amalgame entre islam et terrorisme et met en garde contre l'instrumentalisation de l'attaque du 7 janvier par certaines parties pour attiser davantage les discours islamophobes. Même son de cloche chez la matrice du PJD Le Mouvement unicité et réforme est sur la même longueur d'onde que les disciples d'AWI. En des termes très virulents, le MUR dénonce «l'horrible acte terroriste» ayant «pris pour cibles des citoyens innocents».Il s'agit d'une «agression qui n'a pas visé uniquement la France mais la communauté internationale et les relations de coopérations, de dialogue et de compréhension censées unir les peuples et les nations». Le MUR dirigé par Abderrahman Chikhi, un fidèle de Benkirane, a présenté ses condoléances aux familles des victimes dont 9 membres de la rédaction de Charlie Hebdo, assassinés froidement par les terroristes, au «peuple français, à toutes ses instances et à ses institutions officielles et populaires». A l'instar de la réaction du Cercle politique d'Al Adl wal Ihsane, le Mouvement unicité et réforme salue les positions de ministres, de politiques et de médias qui ont appelé à éviter tout amalgame entre islam et terrorisme. Abdelilah Benkirane, dans son message de condoléance à Manuel Vals, avait exprimé le même sentiment. Silence De son côté Abdelouahab Rifki, alias Abou Hafs, un ancien détenu salafiste condamné à 20 ans pour terrorisme et gracié en février 2012, a fermement dénoncé l'attaque de Charlie Hebdo. Avec moins d'enthousiasme, Mohamed El Fizazi, gracié le 14 avril 2011, s'est prononcé contre toutes les formes de la violence.L'actuel imam de la mosquée Tarik Ibn Zyad à Tanger a tenu à réitéré son opposition à la ligne éditoriale de Charlie Hebdo. D'autres figures de l'islamisme marocain n'ont, en revanche, pas encore arrêté de position vis-à-vis du drame chez Charlie Hebdo. C'est le cas notamment d'Ahmed Raissouni et des salafistes Omar Haddouchi et Hassan Kettani.