L'Etat n'est pas le seul encadrant religieux des MRE, surtout pendant le Ramadan. Al Adl Wal Ihsane, Mouvement unicité et réforme et Tabligh dépêchent leurs disciples pour réaliser la même mission. Une autre bataille dans la guerre d'influence que se livre ces protagonistes. 220 religieux marocains pour encadrer plus de quatre millions de MRE, d'Europe et d'Amérique, durant le mois de Ramadan. Le nombre sera-t-il suffisant ? A coup sûr, c'est non. Qui comblera le déficit alors ? Des initiatives associatives se chargent de cette mission. Une activité qui échappe totalement au contrôle de l'islam officiel. Les organisateurs procèdent de la même façon que les services de l'Etat, ils commencent par sélectionner les imams sur des critères qu'ils établissent eux-mêmes pour ensuite prendre langue avec les élus. Une opération bien rodée qui remontent à des années auparavant. «Une menace pour l'islam officiel» Pour le moment, il est très difficile de donner un chiffre exact des imams marocains qui prodiguent des cours aux MRE sans passer par la voie officielle. «Si le nombre dépasse celui de l'Etat marocain destine aux MRE pendant chaque Ramadan, ce serait très grave. C'est toute la politique de la réforme du champ religieux, initiée depuis 2004, qu'il faudrait réviser», nous confie Driss El Ganbouri, spécialiste en mouvements islamistes. Cette absence de chiffre ou d'estimation n'occulte en rien un fait réel. De plus en plus de prédicateurs choisissent de passer le Ramadan à l'étranger. Le plus célèbre parmi eux est le très controversé Abdellah Nahari, très proche du MUR, la matrice du PJD. Même si le ministère des Affaires islamiques l'avait interdit de prêche dans les mosquées d'Oujda, des associations aux Etats-Unis, à Boston précisément, l'ont invité en 2012 à animer des cours au profit des musulmans. L'homme est pourtant réputé pour son anti-américanisme. Al Adl Wal Ihsane, MUR et Tabligh en concurrence avec l'Etat De son côté, Al Adl Wal Ihsane est déjà présente sur ce front, notamment en Europe occidentale, considérée comme sa zone d'influence. En Italie, Espagne et dans les pays du Benelux, les disciples d'AWI prêchent pour leur propre paroisse. La Jamaâ organise même des cycles de formations aux apprentis imams dans ces pays. En Espagne, fort de sa présidence de la FEERI (la Fédération des associations musulmanes) elle est, de ce fait, un interlocuteur privilégié des autorités de Madrid. Par ailleurs le Mouvement unicité et réforme, bien avant la réforme du champ religieux de 2004, tenait à dépêcher ses membres en Europe avec la bénédiction du pouvoir. Abdelilah Benkirane était, d'ailleurs, parmi eux. Pendant le Ramadan de 1995, il avait même animé des cours à Saint-Etienne en France. Les adeptes marocains de l'association Tabligh -la plus ancienne dans le monde islamique créée en 1926, soit une année avant la confrérie des Frères musulmans-, prennent également la destination Europe durant le Ramadan. Les antennes du Tabligh dans le Vieux continent se chargent de les inviter. Avec ces trois organisations, l'Etat marocain doit donc faire face a une concurrence féroce dans l'influence religieuse chez les MRE.