Les récentes arrestations de disciples de Cheikh Yassine en Italie tranchent totalement avec la bénédiction dont jouit la Jamaâ Al Adl Wal Ihsane en Espagne. Vendredi 25 février dernier à Brescia en Italie, un coup filet de la police s'est abattu sur les rangs des membres de Al Adl Wal Ihsane, à l'issue duquel, cinq disciples de Abdeslam Yassine ont été assignés à résidence surveillée alors qu'un sixième a été placé en détention provisoire. Cette opération est la deuxième du genre après celle de novembre 2008, durant laquelle la police italienne annonçait les arrestations de onze personnes parmi les partisans du mouvement Al Adl Wal Ihsane, soupçonnés «d'association de malfaiteurs à des fins de terrorisme international». Ce coup de filet dans pays de Silvio Berlusconi a remis au goût du jour la question suivante : pourquoi le mouvement islamiste est combattu en Italie alors qu'il est plus que toléré en Espagne ? Dans le pays de José Luis Rodriguez Zapatero, les affidés de Abdeslam Yassine opèrent presque en toute tranquilité, parfois même avec la bénédiction de l'Etat espagnol. Nombreux sont en effet les déplacements de têtes d'affiche de Al Adl Wal Ihsane dans les régions du voisin du nord et spécialement en Murcie . Prosélytisme « éducatif » Le choix de cette région n'est pas fortuit : Murcie est connue pour le fort dynamisme de la Fédération islamique locale. Une corporation religieuse dirigée par Saïd Mendi, imam de son état à Cartagena et surtout gendre de Ali Abbadi, très proche de Yassine et de son homme de confiance de l'Oriental. Les médias proches de l'opposition conservatrice avancent que Mendi serait membre du PSOE actuellement au pouvoir. Depuis 2005, Abbadi a fait de nombreux déplacements en Murcie et dans le reste de l'Espagne. Preuves en sont les différentes sessions de « formation d'imams » prodiguées par des hommes de Al Adl Wal Ihsane. Du prosélytisme qui, apparemment, n'inquiète pas outre mesure les autorités espagnoles. Aujourd'hui, la mainmise de la Jamaâ sur les lieux de culte musulman en Espagne est plus que jamais établie. Pourtant, Al Adl Wal Ihsane est cataloguée en tant « qu'association radicale » par les sécuritaires de Madrid. Ces derniers, faisant feu de tout bois pour circonscrire l'influence du Maroc religieux dans la forte communauté marocaine installé en Espagne, tolèrent les activités des disciples de Yassine. Le même motif est avancé pour laisser le mouvement Attabligh ou encore des courants foncièrement radicaux comme les Wahhabites prendre pied dans certaines régions telles la Catalogne, l'Andalousie ou dans les présides occupés de Sebta et Mélilia. Ces calculs hispano-espagnols nourris par une appréhension de tout ce qui vient du Maroc n'ont visiblement aucune influence en Italie. Les autorités de ce pays traquent l'activisme intégriste sans limite, y compris celui de Al Adl Wal Ihsane, si on en croit les opérations de novembre 2008 et du 25 février 2011. Un conseil pour l'islam marocain