Al Adl Wal Ihsane surfe sur la vague de la réforme des caisses de retraites. La Jamaâ souffle le chaud et le froid. Si elle dénonce vigoureusement la politique du gouvernement sur ce dossier, elle n'annonce aucune grève et n'a toujours pas déclaré publiquement rallier un débrayage organisé par d'autres entités syndicales. Tout au plus, elle se contente de soutenir les «protestations responsables». Le bras syndical d'Al Adl Wal Ihsane hausse le ton contre l'équipe Benkirane. Il vient de "rejoindre" les rangs des opposants à la recette gouvernementale visant un redressement financier des caisses de retraites. L'instance, fortement implantée au sein de la CDT de l'inamovible Noubir Amaoui, estime que l'exécutif n'a pas eu le courage de s'attaquer aux «démons de la prévarication» et aux «crocodiles de la tyrannie» et a préféré annoncer une «réforme des retraites» sans au préalable juger les responsables de la faillite des caisses et récupérer les millions de dirhams détournés durant de longue années. Les «Adlistes» estiment que ce n'est pas aux fonctionnaires de payer la mauvaise gestion qu'a connu ce dossier. Sur ce point, ils sont sur la même longueur d'onde que les centrales syndicales, à l'exception de l'UNTM de Mohamed Yatim qui étant une émanation du PJD, se tient à l'écart de ce débat. Tous se disent hostiles aux mesures proposées par le cabinet Benkirane, à savoir : relèvement de l'âge de départ à la retraite de 2 à 5 ans, changement du salaire de référence et augmentation du taux de cotisation. Par ailleurs, les membres d'AWI appellent l'Etat marocain à honorer ses engagements en payant toutes ses cotisations, notamment à la Caisse marocaine de retraite, dont les finances sont au rouge. Aucune annonce de grève Mais contrairement aux autres syndicats, les «Adlistes» n'arrivent pas à se libérer de la pesanteur des positions politiques de la Jamaâ, évoquant, par exemple, le rôle du Makhzen dans la préparation du plan de la réforme des retraites. Des termes puisés dans le discours d'AWI lorsqu'elle critique le pouvoir. En dépit du ton assez virulent du bras syndical d'Al Adl Wal Ihsane, il s'est gardé d'annoncer une grève sectorielle ou générale dans la fonction publique ou de déclarer publiquement rejoindre les autres débrayages auxquels ont appelé d'autres entités. Il s'est contenté d'annoncer un «soutien à toutes les initiatives et les protestations responsables» qui s'opposent aux réformes proposées par l'exécutif sur le dossier des retraites. Cette position ne constitue guère une surprise. Par le passé, Al Adl Wal Ihsane a refusé de participer à la marche du 6 avril 2014 de la FDT, CDT et l'UMT contre la politique du gouvernement Benkirane.