La marche syndicale organisée aujourd'hui à Casablanca n'aura pas drainé une grande foule. Le peu de mobilisation fera sans doute le bonheur de Benkirane. La défection d'Al Adl wal Ihssane et l'éviction des amis de Hamid Chabat ont nettement contribué au faible nombre de participants. Photo Yabiladi.com Photo Yabiladi.com Photo Yabiladi.com Photo Yabiladi.com Photo Yabiladi.com Photo Yabiladi.com Alors que les organisateurs attendaient que la marche organisée ce 6 avril à Casablanca mobilise des centaines de milliers de Marocains, le nombre de participants était au final loin du compte. Dans les meilleurs des cas, entre 15 et 20 mille manifestants, selon une source proche de la FDT, se sont donnés la peine de marcher quelques minutes avant de continuer la contestation autour d'une table en buvant du café ou sirotant un verre de thé. Les grands gagnants de cette journée de manifestation ont été les commerçants du coin. Comme nous l'avons constaté aujourd'hui sur place, les cafés longeant l'avenue Lahraisi jusqu'à Derb Omar ont été pris d'assaut par les manifestants. Vers 13h, ce sont les snacks, d'habitude peu fréquentés le dimanche, qui ont profité, à leur tour, de cette aubaine. Al Adl wal Ihssane a fait défection La défection annoncée d'Al Adl wal Ihssane (AWI) a nettement contribué à la faible mobilisation. Encore une fois, AWI a évité de cautionner des protestations hostiles au gouvernement dirigé par Benkirane, même si la présence de membres de la Jamaâ au sein de la CDT est considérable. Une preuve de plus de l'alliance qui lie toujours AWI au PJD. Ce désistement n'est pas sans rappeler le retrait de la jeunesse de la Jamaâ, il y a voilà presque deux ans et demi, des marches du mouvement du 20 février. Ce cadeau avait été fait au PJD au lendemain de sa victoire lors des législatives anticipées du 25 novembre 2011. Les amis de Chabat auraient pu sauver la face des syndicats L'UGTM de Hamid Chabat n'a, quant à elle, pas été invitée à prendre part à cette manifestation. D'ailleurs, le bras syndical de l'Istiqlal ne siège pas au sein de la coordination syndicale créée il y a quelques mois et constituée de l'UMT (Union marocaine du travail), de la CDT (Confédération démocratique du travail) et de la FDT (Fédération démocratique du travail). De vieux conflits avec ses composantes sont à l'origine de l'éviction de l'UGTM. Il faut rappeler que la CDT de Noubir Amaoui et l'UMT de Miloudi Moukharik ont des mauvaises relations avec Chabat. Encore une fois, les syndicats contestent mais en rangs dispersés, du pain bénit pour le gouvernement. Benkirane, le grand gagnant La marche du dimanche du 6 avril n'a pas eu l'effet escompté. Bien au contraire, elle a davantage fragilisé les syndicats dans le bras de fer qui les opposent au cabinet Benkirane. Comment arriveront-ils à convaincre le chef du gouvernement d'assouplir sa politique d'austérité avec une si faible mobilisation ? Dans ce contexte, des doutes planent, même, sur la tenue du prochain rendez-vous, prévu pour le 15 avril, pour un nouveau round du dialogue social. Une initiative, faut-il le rappeler, de Benkirane. Mais indéniablement, le PJDiste a gagné cette manche, un revers pour les leaders des trois syndicats.